Texte Moingt 98… : Dieu se révèle à son peuple Israël

Jusque là, Dieu (…) s’approchait de tous les hommes sans exception (…) Il se communiquait à eux à travers la diversité de leurs traditions religieuses (…) Ce qui va changer, c’est que Dieu (…) cesse de se faire voir, (…) il ne parle plus que du haut de son trône céleste, à un seul peuple, et par l’intermédiaire d’envoyés. L’événement révélateur par excellence de Dieu à Israël, celui du Sinaï, revêt encore un aspect de puissance cosmique (Dt 5, 22), mais c’est pour la dernière fois ; la vision cède à la parole, et l’essentiel de la parole est d’interdire la vision, c’est-à-dire la représentation de la divinité (…) Voici donc en quoi consiste, du côté de Dieu, le changement de modalité de la révélation et le paradoxe – le mystère – de sa nouveauté : Dieu se retire de la visibilité qu’il prenait dans les phénomènes de la nature en tous lieux du monde, (…) il renonce à toute apparence, dénoncée comme illusoire (…) et la grandiose illumination du Sinaï n’est que la mise en scène de son retrait du spectacle du monde (…) Peut-on comprendre que Dieu ne s’absente de la mondanéité du monde que pour mieux faire sentir sa présence dans les événements de l’histoire ? (…) (Mais) les hauts faits miraculeux seront sans lendemain, et le peuple, une fois conquise la terre promise, ou en sera expulsé ou y sera remis en servitude, en attendant sa dispersion finale, sans que Dieu intervienne pour le rétablir dans ses privilèges de peuple élu. Si donc Dieu choisit le plus petit et le plus faible des peuples de la terre, (Dt 7, 7) (…) ce n’est pas pour mieux faire éclater sa puissance aux yeux du « monde », c’est parce qu’il appartient à la logique de la révélation de se faire dans une obscurité déconcertante, qui éloigne les hommes des vaines apparences et les met à la recherche de la vérité de Dieu (…) Il leur apprend à le connaître (…) tout proche de chacun mais au-delà de toutes prises.