Texte Moingt 97… : La révélation dans l’histoire des traditions religieuses

Que les païens aient perçu la divinité sous mode de pluralité et de diversité, (…) ce n’est pas une raison de soupçonner que Dieu se soit détourné d’eux, dès lors qu’ils éprouvaient envers lui des sentiments, sans doute mêlés, mais authentiques (…) La transcendance divine était donc au travail dans le paganisme (…) Dieu ne s’est pas abstenu de s’y révéler aux hommes, non par mode exprès de nouer une communication avec eux, mais de façon à éclairer leurs esprits de la lumière du Verbe créateur qu’il répandait dans l’obscurité des corps et des choses. Une réserve mérite d’être faite, cependant, en ce qui concerne le culte idolâtrique (…) Aucun culte n’est à l’abri de ce danger, on se doit de l’ajouter, et les reproches que les prophètes adressaient aux pratiques du Temple (NDLR : de Jérusalem) en sont témoins ; mais les représentations idolâtriques permettaient plus facilement de se comporter en propriétaires des dieux dont on façonnait les images et de les mettre au service de leurs fidèles sous couleur de leur faire des offrandes, au risque de réduire le culte à un échange mercantile (…) Une dernière et importante réserve : (…) quand la divinité est perçue comme la puissance transcendante du cosmos, (…) quand s’impose l’idée d’un Dieu supérieur à tous les autres dieux au point de les rejeter bientôt dans le néant, alors Dieu est forcément conçu sous l’image du Tout-puissant, de l’Être le plus grand qui se puisse concevoir (…) (Cette idée) ignore que Dieu a tout créé par un acte de négation de soi, d’effacement, de dépouillement, de don de soi (…) Voilà pourquoi Dieu ne se révèle pas encore « en esprit et en vérité » dans l’histoire des traditions religieuses.