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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 66… : Le rapport au monde du Dieu trinitaire

25 mai 2022, par Jean-Louis Cathala

Le Christianisme s’est toujours présenté comme la religion d’un seul Dieu et la tradition, à l’époque où elle défendait et élaborait sa doctrine trinitaire, a toujours réfuté unanimement le trithéisme (…) Ce n’était pas pour dissimuler le nombre « trois » derrière le nombre « un », mais très explicitement pour réclamer que les Trois soient « ensemble adorés et ensemble glorifiés » - ce qui rend a priori difficile de ranger le christianisme dans la catégorie déterminée par le préfixe « mono ». Le fait est que les autres religions monothéistes ont du mal à le considérer comme un partenaire indiscutable (…) La plus grosse difficulté ne vient pas des conceptions métaphysiques de l’être divin en soi et pour soi. Dès les débuts de l’islam, des théologiens chrétiens savaient montrer à des interlocuteurs musulmans que la doctrine trinitaire n’est pas sans quelque analogie avec la doctrine coranique des attributs divins, de même que ceux d’aujourd’hui qui sont en dialogue avec le judaïsme font valoir dans les personnifications bibliques de la Sagesse ou de la Parole ou de l’esprit de Dieu des préparations de la révélation trinitaire (…) Le vrai problème du « monothéisme trinitaire » n’est pas là, il n’est pas lié à une théorie de l’être, il tient au rapport au monde du Dieu Trinité : l’un des trois s’est fait homme, un autre habite au cœur de l’humanité, et le Père lui-même, à qui la foi chrétienne accole le titre de « Dieu unique », est désigné comme celui qui a tant aimé le monde qu’il lui a envoyé et donné son Unique.

Deux conséquences capitales et corrélatives en découlent. La première concerne la considération du Dieu Trinité, qui ne peut pas être ramenée à celle de l’Un, car, ainsi que l’a écrit magnifiquement Karl Barth, « sa divinité, non seulement n’exclut pas son humanité, mais elle la porte en elle-même. (…) Il été décidé une fois pour toutes en Jésus-Christ que Dieu n’existe pas sans l’homme. » (L’Humanité de Dieu, Genève, Labor et Fides, 1956, p.28)

De là découle une autre conséquence qui regarde l’être et l’agir des chrétiens : le mode de Dieu d’exister-avec-nous et le tracé trinitaire de sa venue à nous dans l’histoire leur donnent « mission » d’incarner et de prolonger la relation de Dieu au monde par une certaine forme d’humanisation et un certain style de présence au monde (…) L’aventure de Dieu avec les hommes se laisse écouler quand elle est diffractée dans la multiplicité des gestes chrétiens qu’elle produit et qui témoignent du sérieux de l’amour divin incarné dans notre histoire.