Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

Accueil > Prier et Textes à méditer > Théologie pour tous ! Un chemin avec Moingt… > Texte Moingt 50… Un homme qui vient de loin

Texte Moingt 50… Un homme qui vient de loin

24 janvier 2022, par Laurie

Les apôtres (…) croient à Jésus, non comme à une être céleste, mais comme au Messie promis à leur peuple, celui dont ils attendaient la venue. Même s’ils ont réussi (avec le temps) à se dégager de certains espoirs nationalistes dont Jésus s’était vivement démarqué, leur foi en lui reste façonnée par l’espérance de leur peuple, celle qu’ils avaient puisée, eux aussi, dans les Écritures, qui les avait conduits à la suite de Jésus et qui les avait initiés à la foi en sa mission puis en sa personne. Cela explique qu’il vont chercher à leur tour l’intelligence de Jésus, non directement dans sa présence en Dieu auprès de qui ils le savent désormais établi pour l’éternité, mais dans l’histoire passée qui a repris vie en lui. Toutes sortes de citations explicites et de références implicites en apportent la preuve : tout à tour, Élie, David, Moïse, Abraham sont convoqués pour déchiffrer son identité, parce que Jésus leur semble avoir composé sa personnalité de traits empruntés à ces personnages du passé et que son existence à venir leur paraît déjà engagé dans leur lointaine histoire. Ils voient ces ancêtres ou précurseurs de Jésus prendre dans leur descendant ou successeur la vérité qu’ils n’avaient pas réussi à donner de leur vivant à l’histoire qu’ils vivaient, ou que celle-ci leur avait refusée parce que cette vérité ne leur appartenait pas en propre mais était destinée à un autre. Paul poussera plus loin ce transfert d’identité, puisqu’il fera passer d’Adam à Jésus la raison d’être le patriarche de l’humanité, ce qui peut aussi bien se comprendre dans l’autre sens s’il est vrai qu’il voit en Adam « la figure de celui qui devait venir » (Rm 5, 14). Les apôtres comme Jésus relisent l’histoire du passé telle qu’elle avait été vécue par leurs ancêtres, interprétée par les prophètes, écrite par les rédacteurs bibliques, tous soulevés par une même espérance que leur inspirait leur foi au Dieu d’Israël. Aux yeux de ses disciples, Jésus est un homme qui vient de loin, il assume le sens de l’histoire parce que l’histoire porte en elle le germe de sa future existence et constitue même sa préexistence puisque ce germe est le principe vivifiant de cette histoire. Ainsi s’explique que, bientôt, les chrétiens ne chercheront plus dans les Écritures seulement des annonces de sa mission ou des préparatifs de sa venue mais déjà des traces de sa descente vers les hommes et de son passage dans l’histoire depuis les temps anciens, se souvenant d’une parole mise dans la bouche de Jésus : « Avant qu’Abraham fût, je suis » (Jn 8, 58).