Texte Moingt 44… : Le but de la théologie

Quand elle retrouve (…) le souci de l’homme, l’intérêt pour l’histoire qui se fait dans le temps du monde, la passion pour le monde qui porte et enclôt la vie de l’humanité, quand elle accepte de se laisser ébranler par les questions et les angoisses de tant de personnes incroyantes et s’efforce d’y répondre sans se barricader trop vite dans les certitudes du dogme, la théologie rentre en dialogue avec la philosophie. Elle ne s’occupe pas seulement de ses objets spécifiques, dans l’intérêt de la religion, elle parle aux hommes de ce qui les préoccupe, autant que possible dans la langue qu’ils parlent eux-mêmes, avec l’intention de les aider à se situer dans l’univers et à assumer leur histoire, elle réfléchit avec eux, sur la base de leurs propres doutes, et si elle ne réussit pas à les convaincre du bien-fondé des vues de la foi, elle estime néanmoins avoir atteint son but, rien qu’en traçant un chemin de pensée qui leur permette de vivre dans la conscience de leur dignité, en paix avec le ciel redevenu clément à leurs yeux, en paix les uns avec les autres, dans l’édification d’une humanité réconciliée.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – Tome 2 Vol. 1 – Cerf 2012, pp. 17-18