Texte Moingt 32…. Le bien-connu de Dieu

L’idée de Dieu véhiculée par le christianisme initialement et au cours des siècles passés (a été) celle qu’il a reçue ou élaborée en se constituant et se transmettant comme religion sur la base des Écritures et en milieu de mentalité païenne et de culture hellénistique. Ce jugement, tout négatif, ne signifie aucunement que la pensée de Jésus aurait été si tôt oubliée, méconnue ou trahie, vue que Jésus n’a jamais donné un enseignement formel sur Dieu et qu’il appartient à la foi des chrétiens d’identifier le Dieu qui s’est révélé en lui en méditant sur son événement. Il n’est pas douteux qu’ils ont (…) eu très tôt conscience de l’originalité de leur foi en Dieu, que des débats internes se chargeraient vite de produire au grand jour. Cela admis, il ne s’en suit pas qu’ils aient remis en question la notion commune de divinité qui s’exprime dans le nom de Dieu, quels que soient ceux qui le prononcent, notion qui était déjà dans leur esprit avant qu’ils ne soient chrétiens et qu’ils utilisaient spontanément quand ils parlaient du Dieu de Jésus. Quel que fût leur sentiment de la nouveauté chrétienne, il n’allait pas jusqu’à leur faire éprouver le besoin d’innover radicalement un concept qui leur servait de truchement, de préalable (…) auprès des juifs comme des païens (…) Ainsi s’est introduit dans la religion chrétienne un bien-connu de Dieu dont la modernité occidentale devait s’emparer avant de le rejeter, celui-là même dont le christianisme d’aujourd’hui éprouve le besoin de se dégager en cherchant à frais nouveaux quel Dieu s’est révélé en Jésus.