Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 29… Naissance de la religion chrétienne

1er juin 2021, par Jean-Louis Cathala

En parcourant les évangiles, nous n’y avons pas trouvé la charte de fondation d’une nouvelle religion, sinon quelques pierres plus tard intégrées à ses soubassements. Cela ne nous empêchera pas de reconnaître sans ambiguïté que l’Église est bien née de Jésus (…) Elle tire origine, en effet, de la mission confiée par Jésus à ses apôtres de « prêcher en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations à commencer par Jérusalem » (Lc 24, 47) (…) Le fait que l’annonce du Royaume de Dieu s’adressait par priorité aux juifs ne favorisait pas, au départ, l’apparition d’une religion nouvelle autonome, et il est bien connu que les premiers chrétiens, juifs pour la plupart, cherchaient à se frayer leur « voie » (Ac 9, 2) en cohabitant avec les autres juifs (…) Si l’espérance d’un prochain « rétablissement du Royaume pour Israël » (Ac 1, 6) avait pu attirer d’assez nombreux juifs à la foi au Christ au début de la mission, bien que l’idée d’un Messie souffrant fût peu répandue chez eux, la frustration de cette attente, bientôt ressentie, ne tarda pas à les en écarter, d’autant que l’orientation de la mission vers les païens ne répandait pas directement à leur espérance messianique. La fréquentation des païens convertis, à qui la foi nouvelle avait tôt renoncé à imposer les observances de la loi, devint insupportable à ceux qui y restaient attachés (…) Les malheurs qui suivirent la révolte de 66-68 – prise de Jérusalem par les Romains, destruction du Temple en 70, dispersion des ses habitants -, poussant les juifs à se raidir sur leurs traditions et à fermer leurs communautés aux étrangers, achevèrent de les séparer des chrétiens irrémédiablement. Le refus massif des juifs de recevoir Jésus pour Messie tient en fin de compte au fait que la prédication de l’Évangile ne se croyait pas obligée de conserver et de propager les traditions religieuses du judaïsme et que la foi au Christ détrônait l’obéissance à la loi comme principe de justification (NDLR : cad le fait d’être rendu « juste » par Dieu ). Même aux yeux des chrétiens zélateurs de la loi, quelque chose était arrivé, avec Jésus, qui avait changé radicalement le cours de la religion en l’ouvrant sur l’universel.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme– Tome 1 – Cerf 2002, pp. 430-432