Texte Moingt 19 : La quête de l’inconnu de Dieu

Ce qui prime (…), ce n’est pas le contenu même des paroles de Jésus, c’est l’acte qu’elles induisent leurs auditeurs à faire, un acte de connaître nouveau, un nouveau type de rapport à Dieu qui introduit à une connaissance nouvelle, donnée par Dieu à qui s’engage dans cette voie. Jésus ne prétend pas livrer des connaissances toutes faites sur Dieu, il invite à ne pas se satisfaire de celles que nous avons par avance, si autorisées qu’elles soient, mais à se mettre en quête de la nouveauté, de l’inconnu de Dieu qui se dérobe à notre regard parce que nous ne savons pas où regarder ni comment, ou peut-être parce que nos yeux sont aveuglés et se fixent là où Dieu n’est pas ou n’est plus et où nous voudrions qu’il se tienne, aussi indique-t-il, ou plutôt montre-t-il par son exemple en quelle direction regarder et dans quelles dispositions. Autrement dit, il appelle à se « convertir », non seulement de nos comportements passés, mais encore de ce qu’il y a de mauvais ou d’imparfait ou de caduc dans notre façon de connaître Dieu, de l’enfermer dans nos représentations, de mettre la main sur lui. Il faut se dessaisir de nos connaissances pour apprendre de Jésus, et la vraie connaissance de Dieu est au prix d’une nouvelle « naissance », comme il le dira à Nicodème (Jn 3, 3) (…) Jésus n’a pas écrit de livre, il n’a pas dicté aux siens d’autre mémorial que celui de son corps livré, il n’a donc pas gravé sa révélation de Dieu dans des traits définitifs et ineffaçables comme Moïse avait gravé et fixé dans la pierre pour la perpétuité des siècles à venir les lois qu’il recevait de Dieu ; c’est dans le cœur de ceux qui croient en lui qu’il grave la connaissance de son Père en traits toujours nouveaux et toujours renouvelables, et c’est en découvrant la nouveauté inépuisable de Dieu qui resplendit sur le visage du Christ que les chrétiens, réengendrés fils de Dieu à son image, le reconnaissent pour le révélateur définitif de l’immensité de Dieu.