Texte Moingt 13 : La vérité du Christ aujourd’hui comme hier…

Le théologien, préoccupé par l’aujourd’hui de la foi, n’est pas à la recherche d’un portrait « historique » de Jésus (au sens d’un « tableau d’époque ») qui pourrait s’imposer à l’exclusion de plusieurs autres, plus ou moins différents, que proposent les évangiles, ni d’une représentation théologique du Christ qui permettrait d’accorder la diversité des énoncés testamentaires dans une heureuse symphonie, car il n’ignore pas que cette diversité est la richesse du patrimoine commun des chrétiens, qu’elle est nécessaire à la liberté de la foi, qu’elle relève du mystère du Christ et de l’appel de chacun ; d’une manière ou d’une autre, il ne s’agit pas pour lui de recueillir une image du passé, car il est conscient que l’esprit humain, marqué par la temporalité, ne relit pas le même texte d’un siècle à un autre en lui donnant absolument le même sens. Il cherche à dire comment les chrétiens d’aujourd’hui, relisant les témoignages du passé, peuvent y reconnaître l’identité d’une même foi, l’unité d’une même figure évangélique de Jésus, reconnaissable pour nous aujourd’hui, et y découvrir la vérité du Christ qui s’impose à tous les chrétiens aujourd’hui comme hier, parce qu’elle est proclamée dans les évangiles par la même voix qui l’a transmise aux siècles futurs, celle de l’Église, globalement prise comme sujet de la révélation qui lui est adressée, en tant qu’elle est le témoignage vivant suscité au Christ par l’Esprit et devenu le nous commun des chrétiens. Ainsi, le théologien lira-t-il l’ensemble des évangiles comme une prédication de l’Église qui, du dedans, raconte l’histoire de Jésus en le proclamant Christ, parce qu’il en fait la lecture sous l’inspiration de la foi toujours proclamée par l’Église, mais qui se fait questionnante par ce retour à l’origine, se soumettant au contrôle de l’historicité des évangiles, et retrouvant le souffle et le sens du témoignage originel. Le théologien lit le passé du point de vue et dans l’intérêt du présent, il interroge le passé de la foi du haut du présent pour laisser monter vers ce présent (toujours changeant) les interpellations (les rappels à l’ordre) de la foi du passé. Il observe comment les premiers chrétiens ont compris Jésus pour apprendre à le reconnaître dans une toute autre vision du monde. Ce privilège accordé au présent et au cheminement de la foi différencie fondamentalement la lecture de l’histoire évangélique faite par le théologien de celle de l’historien.