Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

Accueil > Prier et Textes à méditer > Théologie pour tous ! Un chemin avec Moingt… > Texte Moingt 11… : Dieu se manifeste dans la foi qu’il suscite

Texte Moingt 11… : Dieu se manifeste dans la foi qu’il suscite

23 décembre 2020, par Jean-Louis Cathala

Quand le chrétien ou le juif parle de révélation, il ne se réfère pas simplement à un sentiment purement intérieur de présence à la divinité, il renvoie à un événement notoire, supposé vérifiable, qui s’est produit à tel moment et en tel lieu, et c’est de cette façon qu’elle devient l’événement fondateur d’une religion, objectivement repérable dans l’histoire d’un peuple. Ainsi la Bible situe la révélation du nom de Dieu dans un épisode antérieur à la sortie d’Égypte du peuple hébreu, dans une vision que Moïse reçut sur le mont Horeb, quand il s’entendit appeler par Dieu du sein d’un buisson qui brûlait sans se consumer (Livre de l’Exode, chapitre 3). Peut-on dire que le récit localise indûment la présence de Dieu, qui ne peut pas être enfermé dans les limites de l’événement raconté, de telle sorte que la scène relèverait de l’imaginaire ? (…) C’est en effet ce que nous devrions dire si le récit nous obligeait à assigner à la manifestation de Dieu elle-même les limites de la scène qu’il raconte. Mais quoi qu’il en soit de la réalité de l’événement pris pour exemple, n’oublions pas qu’une révélation ne prend sa pleine effectivité que dans la foi qu’elle suscite (…) Elle n’est donc pas circonscrite par ce qui arrive à Moïse ici et maintenant, mais elle se déploie, de façon en soi illimitée, en suivant le cours de la transmission du récit, dans le cœur et la vie de ceux qui le lisent et qui, à travers lui, se sentent rejoints par elle dans leur propre histoire qui y trouve sens et consistance. L’Absolu qu’est Dieu n’inscrit pas son nom, qui est son être manifesté, dans la phénoménalité du fait merveilleux du buisson ardent, ni dans le récit qui raconte ce fait, ni dans l’Écriture où le récit prend place ; il l’inscrit directement dans la signification que lui donnent ceux qui lisent l’Écriture comme une parole reçue de Dieu, qui accueillent le récit comme un message à eux-mêmes aujourd’hui adressé, et qui se réfèrent à l’événement de l’Horeb comme au point par où ils sont entrés en relation vivante avec Dieu. L’Absolu ne « réduit » donc pas sa présence à la facticité de son apparaître, au moment et au lieu où le récit lui donne figure, à la contingence de son appréhension par l’homme, mais il lui donne de transparaître dans la signification que la foi est invitée à lui reconnaître, car Dieu est Esprit, et c’est par un acte d’apparaître spirituel qu’il se manifeste lui-même à l’esprit de l’homme.

Joseph MoingtDieu qui vient à l’homme – Tome 1 – Cerf 2002 – pp. 304-30