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Texte Moingt 9 : Connaître Dieu ?

11 novembre 2020, par Jean-Louis Cathala

Dieu n’aurait pas besoin de se révéler si l’homme avait la capacité de le connaître par lui-même tel que Dieu est en lui-même. On pourrait objecter, avec le dogme catholique, que la raison humaine peut facilement connaître avec certitude que Dieu existe – mais c’est le dogme qui l’affirme, au XIX° siècle, non la raison, et pourquoi faire l’obligation de le croire si la raison en a d’avance l’évidence, à moins que ce ne soit parce qu’elle l’avait perdue, ce qui était le cas précisément dès cette époque-là ? (…) Dans la « relation » qu’instaure la « religion », l’initiative vient de Dieu et ne peut venir que de lui (…) C’est l’expérience de conversion que raconte symboliquement le récit biblique de la « vocation » d’Abraham, ou qu’évoque la dialectique de Pascal, si souvent citée, mettant dans la bouche de Jésus : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé » - parce que c’est moi qui étais à ta recherche depuis toujours (…)

Si Dieu veut se manifester à l’homme, ce n’est pas pour se faire connaître directement, alors qu’il existe, par présupposé, au-delà de nos possibilités de le saisir, c’est pour entrer en lien avec nous, de sujet à sujet, donc pour que nous entrions avec lui « en commerce », en « relation vivante » (…) C’est par ce lien qu’il se fait percevoir, moins en se livrant à notre expérience, comme un objet à connaître, qu’en nous donnant de nous éprouver nous-mêmes reliés à lui (…) Nous préjugeons qu’il n’est connaissable que par un acte d’automanifestation, comme un sujet qui se pose librement face à un autre et non comme un objet que nous pourrions saisir de nous-mêmes, et nous postulons que sa cognoscibilité n’est pas de l’ordre de nos connaissances rationnelles, acquises par l’expérience sensible, mais de l’ordre du désir divin, du don, de la gratuité. Dieu se fait connaître (…) pour nous élever à lui, à un autre type d’existence, et ainsi il ne se fait pas connaître en lui-même, par un jugement d’existence que nous ne pourrions tirer que d’une expérience du monde, mais seulement sous le mode où nous nous éprouvons « transis » par lui, « en transit » vers lui et par lui (…) Le dogme chrétien appelle « grâce » cet acte tout gratuit par lequel Dieu se découvre à l’homme pour l’attirer à lui, et la « foi » le type de connaissance qui correspond à cette grâce.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – Tome 1 – Cerf 2002, pp. 301 et 302