Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 4 : L’histoire de la foi

8 octobre 2020, par Jean-Louis Cathala

Cette histoire est mystère : au temps des Patriarches, Dieu se laisse adorer sous d’autres noms que le sien ; au temps de l’exode au désert, il ne cesse de reprocher à son peuple ses infidélités ; plus tard, il lui fait dire par ses prophètes qu’il ne prend pas plaisir aux sacrifices qui lui sont offerts dans son Temple ; il envoie des envahisseurs païens le punir, comme s’ils s’étaient chargés d’accomplir ses volontés : et le peuple hébreu n’a cessé de relire ses Écritures, dans la foi et l’action de grâce, comme une histoire de salut, une histoire « sainte » reconnaissant que Dieu, en tout cela, « visitait son peuple ». De cette même histoire, Jésus, mal accueilli par les siens dès le début de sa prédication, n’a semblé retenir que des épisodes où Dieu avait préféré gratifier les païens étrangers plutôt que des membres de son peuple ; il déclarait trouver plus de foi chez les païens qu’en Israël, ou chez les « pécheurs » que chez les « justes » ; il annonçait que le Royaume de Dieu serait ouvert à « beaucoup » de païens alors qu’il serait fermé à ses « héritiers » naturels ; il n’en continuait pas moins l’histoire de son peuple dans la sienne, présageant, puis subissant l’échec de sa mission, jusqu’à se sentir finalement « abandonné » par Dieu. L’histoire de la foi est une tragédie divine, tragédie des rapports de Dieu avec les hommes, d’un Dieu rejeté par ceux qu’il poursuit de son amour, histoire également dramatique du côté des hommes appelés à prendre leur liberté en se confiant à lui. Comment un chrétien qui s’attriste de la situation présente du christianisme pourrait-il oublier toute cette histoire et méconnaître que la foi chrétienne ne peut pas ne pas en porter l’effet et le signe ? (Dietrich) Bonhoeffer ( théologien allemand exécuté par les Nazis en 1944) nous renvoie à cette épreuve de vérité ; remarquant que « le Dieu qui est avec nous est celui qui nous abandonne… La religiosité de l’homme le renvoie dans sa misère à la puissance de Dieu dans le monde, Dieu est le Deus ex machina. La Bible le renvoie à la souffrance et à la faiblesse de Dieu ; seul le Dieu souffrant peut aider. Dans ce sens, on peut dire que l’évolution du monde vers l’âge adulte (…), faisant table rase d’une fausse image de Dieu, libère le regard de l’homme pour le diriger vers le Dieu de la Bible qui acquiert sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance. » ( D. Bonhoeffer - Résistance et soumission – Labor et fides 1973, lettre du 16 juillet 1944, p. 366-368)

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – Cerf 2002 – Tome 1, pp. 92 et 93