Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 117 : La foi comme interruption de garantie

23 avril 2024, par Jean-Louis Cathala

Eberhard Jüngel définit la foi par une formule paradoxale, belle et riche : « la certitude de la foi » est « interruption de garantie », car « la certitude implique la confiance », une confiance elle-même « soutenue par la confiance de celui à qui on se fie » ; Jésus, explique-t-il, a lui-même exprimé sa confiance en Dieu dans le paradoxe qu’il faut « perdre sa vie pour la sauver », et il en conclut que « dans l’horizon de la pensée théologique, l’interruption de garantie est une tâche obligatoire » pour « favoriser la rencontre entre le Dieu libre et l’homme à rendre libre » (Dieu mystère du monde). Jésus, en effet, qui s’était senti abandonné de Dieu sur le plan de sa mission historique et de son avenir de vie, lui a néanmoins fait confiance jusqu’au bout, jusqu’à lui abandonner sa vie en retour, et s’il s’est présenté devant lui, en toute faiblesse et nudité, sans pouvoir se prévaloir d’aucune garantie, ni d’avoir mené sa mission à bon terme ni de bénéficier du bon témoignage de la Loi, sans autre certitude que la confiance qu’il mettait en Dieu ; c’est sur elle seule que se fonde notre foi, dans un pareil dénuement, et d’elle qu’est venu le salut, car Dieu n’a pas failli à celui qui se fiait à lui. Dans cette suspension de toutes garanties s’est produit ce que Paul Tillich appelait, dans une autre formule brillante, « l’irruption de l’inconditionné dans le conditionné », qui est la révélation du salut se frayant impérieusement un passage à travers l’histoire des religions et s’en dégageant pour émerger en Jésus, écartant brutalement de son chemin les garanties de salut que les hommes de tous les temps cherchaient dans les religions.


Joseph Moingt
– Dieu qui vient à l’homme – T. 2, Vol. 1 – Cerf 2012 – pp. 461-462.