Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 115 … : L’incarnation et le don de l’Esprit

5 mars 2024, par Jean-Louis Cathala

Le dogme sotériologique dit bien que tous les péchés de tous les hommes, passés, présents et à venir, ont été pardonnés sur la croix une fois pour toutes, (…) Comment l’événement de la croix peut-il refluer sur le passé et anticiper l’avenir, comment le pardon de Dieu prévient-il la liberté de l’homme et compose-t-il avec elle ? (…) Pour que l’incarnation soit révélée en tant que rédemption définitive, il faut que l’homme ait désormais la possibilité immédiate de participer à la vie éternelle offerte à tous dans le Christ, sous le mode de pouvoir soit éviter le péché qui conduit à la mort, soit le réparer aussitôt que commis. Or, telle est bien la révélation qui se fait et se dévoile dans l’événement Jésus Christ en tant qu’il est ouvert sur le don du Saint-Esprit. Ce don est vu trop souvent comme extérieur à cet événement, comme s’il n’était qu’une pièce rapportée, un cadeau supplémentaire tombé du ciel, une fois la rédemption accomplie entre Père et Fils sans le concours de l’Esprit. C’est oublier que l’incarnation n’est pas une fin en soi, et moins encore la passion, et que l’Esprit est inséparable du verbe, dans son être et dans sa mission. On se rappellera donc que le Père est venu vers nous et auprès de nous, par son Verbe devenu l’un de nous en Jésus son Fils, pour habiter à jamais en nous par son Esprit, qui est la communion indivisible du Père et du Fils (…)

Nous célébrons le pardon de Dieu acquis « une fois pour toutes » par la croix du Christ : nous n’avons pas tort, tout est fait du côté de Dieu, mais tout reste à faire de notre côté ; la croix ne fait que dévoiler ce qui est vrai depuis toujours, à savoir que Dieu est amour et pardon, mais qu’apporte-t-elle de nouveau, de définitif ? La question renvoie à la compréhension du don parfait, qui n’est pas de donner quelque chose, mais de se donner soi-même à celui qu’on aime, ni de le saturer de notre présence ou de nos présents, mais de lui donner le moyen de se donner à lui-même ce qu’on voudrait lui donner, de s’approprier le don reçu comme si c’était lui qui donnait à celui qui se donne  : et c’est en cela que le pardon de Dieu est le don parfait, en tant qu’il est don du Saint-Esprit.  

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – T. 2, Vol. 1 – Cerf 2012 – pp. 450-452