Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 6 : Parler avec un monde devenu incroyant

21 octobre 2020, par Jean-Louis Cathala

La prise en compte des facteurs complexes qui ont entraîné le déclin du christianisme occidental est de nature à alléger le contentieux de la foi et de la raison et à faciliter la reprise du dialogue entre l’une et l’autre, surtout quand la foi, revenant à sa source évangélique, se rend davantage consciente qu’elle n’est pas faite seulement de croyances et de dogmes, moins encore de « raisons », mais qu’elle repose fondamentalement sur une parole qui la convoque à une certaine action dans le monde, à la suite du Christ et avec la force de l’Esprit, et qui prend sens dans cette action en donnant sens à la vie du croyant. Ayant réfléchi à tout cela, la foi peut se réconcilier avec la raison, en lui rendant justice et en reconnaissant les excès d’autorité de la religion, et reprendre confiance en soi, en renonçant à s’imposer par la puissance des raisonnements et en se convainquant qu’elle tient sa vérité de la Parole de Dieu et ses promesses d’avenir de l’Esprit de Dieu. Sous la pression de cette réflexion, nous nous étions demandé si nous ne devions pas, cédant aux objurgations de Karl Barth ( un grand théologien du XX° siècle), fausser compagnie à la philosophie moderne et ouvrir immédiatement le livre de la Parole de Dieu. Mais nous aurions dû alors renoncer à rouvrir le dialogue avec le monde devenu incroyant, du fait que nous ne pourrions plus lui parler dans la langue de la raison commune, accepter le divorce définitif de la tradition chrétienne et de la tradition philosophique, et la foi, se repliant sur elle-même (…), se serait sentie défaillante de ne pas oser affronter l’incroyance dans son camp et de n’être plus capable d’y porter témoignage à l’Évangile. Nous avons donc continué à chercher ce qui était advenu de l’idée de Dieu dans la philosophie moderne et contemporaine, à seule fin que ne s’interrompe pas, de notre fait, la communication entre l’Évangile et ce monde qui reste le nôtre. Il ne s’agissait pas de dissimuler le langage de la Croix sous les parures de la sagesse philosophique, (…) mais de lui permettre de s’adresser au monde dans la langue qui forme les esprits de notre temps.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – Tome 1 – Cerf 2002, pp. 263 et 264