Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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L’édito de juillet 2018

5 juillet 2018, par Jean-Louis Cathala

Voisins sacrés, sacrés voisins

En quoi les Saintes Écritures donnent-elles des points de repère pour vivre aujourd’hui en bon voisinage dans nos quartiers ? Selon la Bible, le grand dessein de l’amour de Dieu, c’est l’unité dans le respect de la diversité des peuples, des langues, des traditions et des couleurs. C’est, au jour de la Pentecôte, la Jérusalem du Livre des Actes des Apôtres qui vient réconcilier la dispersion de Babel-Babylone du Livre de la Genèse. Aujourd’hui encore, l’œuvre de Dieu, avec notre collaboration, c’est de disperser toutes les prétentions totalitaires, mono-religieuses ou mono-culturelles, pour édifier une société de la cohabitation fraternelle et respectueuse entre tous ! Par rapport au thème du « voisinage », on rencontre dans les Écritures des paroles habitées par une certaine méfiance des Enfants d’Israël de l’époque envers les peuples voisins, souvent décrits comme idolâtres. Même notre Seigneur Jésus, qui sur la Croix attirera à lui tous les hommes, a dû, selon le témoignage des évangiles, dépasser une mentalité qui faisait appeler les non-juifs « petits chiens », ce qui n’est pas très aimable ! (Matthieu, chapitre 15, verset 26) Le peuple de la Torah, peuple élu, n’a pas toujours envisagé son élection comme une responsabilité fraternelle pour les autres, mais parfois aussi comme un privilège conduisant à un sentiment de supériorité vis-à-vis de ses voisins.
Tout cela, fort heureusement, est équilibré par l’Esprit de Dieu qui agit pour le meilleur dans la vie quotidienne des gens de la Bible. Surtout et plus précisément, la mise en valeur de l’hospitalité transparaît dans toutes les Écritures, à commencer par celle pratiquée par Ibrahim-Abraham, notre père dans la foi (Genèse, chapitre 18, versets 2 à 8). Hospitalité pour le « prochain » qui, à l’origine, est d’abord celui qui appartient au même clan ; hospitalité pour l’« étranger », qui rappelle aux Enfants d’Israël qu’ils ont été eux-mêmes des étrangers au pays d’Égypte. Dans l’Évangile selon Matthieu, le Fils de l’homme dans sa gloire, c’est-à-dire le Messie ressuscité, nous interpellera en s’assimilant lui-même à l’étranger : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli » (chapitre 25, verset 35). Avec la Nouvelle Alliance, on assiste à l’accomplissement d’une promesse : ce que nous appelons le Règne de Dieu ou Royaume des cieux : un monde nouveau, qui en Jésus, le Christ, s’est approché. C’est un avenir universel et fraternel qui nous est déjà rendu présent et qui brise toutes les séparations. Le Royaume vient faire de l’humanité un seul peuple de frères et de sœurs. Dès lors, celui de mon clan, celui qui partage mon identité, n’est plus dans une relation de priorité par rapport aux autres ; par rapport à mes voisins qui pensent et croient autrement. Dans nos quartiers, nous sommes appelés à élargir notre vision pour découvrir que tous, avec nos différences, nous avons vocation à promouvoir le bien commun d’une seule famille. « Si vous saluez seulement vos frères et vos sœurs, nous dit Jésus, que faites vous d’extraordinaire ? » (chapitre 14, verset 47). Il est bon que les musulmans célèbrent dignement le Ramadan, mais il est aussi bon que les autres puissent dormir ! Il est bon que les gitans chrétiens dansent et chantent la nuit ; mais il est aussi bon que leurs voisins maghrébins puissent dormir ! Et les juifs, très peu présents dans nos quartiers, sont aussi nos frères, nos frères aînés. Il est urgent de les respecter et de les aimer. Et tous les autres aussi ! Nous sommes tous de la même origine et de la même chair. Ici-bas, nous sommes de passage ; comme des étrangers et des pèlerins sur la terre, car notre patrie définitive est ailleurs, au ciel avec notre Dieu ! Avec la Bonne Nouvelle de l’Évangile, qui est un salut universel, une libération pour tous du Mal et de la mort, tous les murs de haine et d’incompréhension sont brisés. La seule priorité, c’est celle du Royaume, celle de l’option préférentielle pour les pauvres et les humiliés, quels que soient leur accent, leur couleur, leur convictions et leur foi.

Jean-Louis Cathala (Rencontre avec nos amis musulmans , Montpellier, 29.04.18)