Texte Moingt 92… : La force du Bien

Serait-on en droit de reprocher (à Dieu) d’assister passivement à la ruine de sa création sans rien faire pour en sauver l’homme, même devenu coupable par sa faute ? Le problème est de savoir comment nous concevons l’aide attendue de Dieu. Si nous voulons qu’il intervienne pour empêcher le mal ou pour le réprimer, il s’agirait d’interventions dans le champ de la liberté humaine, puisque ce mal est le fait de notre volonté ; or cela est absolument contradictoire avec le projet créateur qui appelle à la liberté. Mais Dieu soutient efficacement l’homme contre le mal, sans atteindre à sa liberté, rien que par le fait de l’aider au contraire à advenir à elle-même et à croître (…) L’acte créateur est acte de présence de Dieu au monde (…) Le soutien que Dieu apporte aux hommes par son appel créateur se redouble dans le soutien que les hommes, qui répondent à cet appel, se portent les uns aux autres (…) Ainsi se crée dans le monde humain, création de la volonté humaine puissamment éclairée, orientée et fortifiée par son lien à Dieu, une force du Bien, analogue à la force du Mal (…) et capable de l’affronter (…) Comme la force du mal, elle s’exprime dans un « nous », mais qui tend au respect de chaque moi et à leur accord librement consenti, comme il en est du « nous » de la Trinité (…) (C’est) un milieu spirituel auquel les philosophes donneront le nom de « communion des esprits », et les théologiens, celui de « communion des saints ». Cette force du bien est la preuve vivante que Dieu, à aucun moment, n’abandonne sa créature au mal et qu’il est attentif à l’en préserver à tout moment, mais par les seules armes de la liberté et de l’amour.