Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 76 … : La conscience du péché et la grâce

31 octobre 2022, par Laurie

Le Père de Jésus se révèle sur la croix (et déjà par la bouche des prophètes) comme un Dieu d’amour, non un monarque jaloux de son honneur et prompt à le venger, mais un père qui pardonne, parce qu’il aime ; s’il peut être offensé en lui-même, c’est seulement parce qu’il en donne le pouvoir, offensé dans l’amour qu’il nous porte le premier. Le chrétien prend précisément une conscience vraie du péché, en dehors même des transgressions qu’il peut commettre, dans son impuissance à rendre à Dieu amour pour amour, (…) à répondre par un amour préférentiel au « choix » dont il est gratifié par lui, alors qu’en toute circonstance, malgré son acquiescement au projet divin, il se préfère à Dieu ou lui préfère autre chose, et ne peut s’en empêcher bien qu’il s’en aperçoive et le regrette.

Ici se dévoile un autre trait caractéristique du sentiment authentique du péché : on l’éprouve en sa vérité en tant qu’il n’interrompt pas l’amour de Dieu, c’est-à-dire en tant que déjà pardonné. Le chrétien qui se sent impuissant à aimer Dieu, qui se le reproche et qui en souffre,se rend compte qu’il n’en continue pas moins à écouter les enseignements du Christ et à répondre aux invites de l’Esprit, en toute médiocrité,hélas, pesamment, mais fidèlement, et qu’il ne laisse donc pas de se vouloir fils adoptif du Père et d’en être heureux, malgré les insuffisances et la tiédeur de son amour. Sachant que cet attachement à Dieu ne peut venir de lui, qui ne cesse de se complaire dans l’égoïsme et le sensible, le chrétien comprend que c’est le Père lui-même qui le tient ainsi attaché à lui, qu’il lui a donc pardonné son péché, d’un pardon qui n’est pas oubli ni indulgence, mais redondance d’amour, don parfait de l’Esprit d’amour, de telle sorte que le chrétien pécheur continue à aimer le Père de l’amour que le Père lui porte parce qu’il voit en lui l’image de son Fils. Le péché désavoué et reconnu pardonné devient alors un souffle qui attise la flamme de l’amour : c’est l’expérience de la « grâce ».

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – T. 2, Vol. 1 – Cerf 2012 – pp. 213-214