Texte Moingt 53… : La vie trinitaire

L’Écriture du Nouveau Testament n’ouvre pas l’accès à la vie trinitaire en détournant notre regard de l’histoire de Jésus pour le retourner vers le ciel, mais en apprenant à la lire comme l’histoire de Dieu pour nous et avec nous dans l’un de nous. On n’accède pas à l’éternité de la vie intratrinitaire en faisant un saut hors du temps, en franchissant le seuil du commencement, car elle ne borde ni ne borne pas plus le début que la fin du temps, elle se tient au cœur du temps, elle en est le cœur : la pulsation de la vie qui fait qu’il y a temps et que le temps ne s’arrête pas, sans qu’on sache ni quand ou s’il a commencé ni quand ou s’il finira ; elle est l’appel de l’amour qui se déverse dans le temps pour le reverser en elle. Dans une telle approche de l’éternité (…), la trinité de Dieu, telle qu’elle se révèle dans l’invisible de l’histoire, ne donne rien d’autre à connaître d’elle que l’être « historial » de Dieu, son être-pour -nous qui se distribue en lui-même tel qu’il se communique à nous. En d’autres termes, la vie intratrinitaire ou trinité « immanente » est identiquement sa dispensation dans le temps ou trinité « économique », celle qui se fait et se dispose en histoire par la venue du Verbe en Jésus et la venue de l’Esprit en nous.