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Diocèse de Montpellier

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A propos de Vatican II

24 juillet 2017, par Jean-Louis Cathala

( Extraits choisis d’un livre de J.Moingt. C’est moi qui ai souligné en gras certaines phrases )

Il y a eu une majorité qui a voulu réconcilier l’Eglise avec la société de son temps. Mais la minorité était assez nombreuse quand même pour faire entendre sa voix. On a voulu faire l’unanimité, donc on a abouti à des textes de compromis, qu’on peut interpréter soit dans la ligne de la continuité – et on revient à Vatican I et à Trente -, soit dans la ligne de la nouveauté introduite par Vatican II – tendance que combattent trop souvent de nos jours le Vatican et une partie de la haute hiérarchie de l’Eglise en plusieurs pays. Alors quels sont ces éléments de nouveauté ?…

C’est la volonté de l’Eglise de se réconcilier avec les autres confessions chrétiennes…

C’est aussi la volonté de se réconcilier avec les religions non chrétiennes

C’est encore la volonté d’instaurer une nouvelle forme de gouvernement de l’Eglise, caractérisée par l’idée de la collégialité, qui voulait donner aux Eglises locales un peu d’autonomie…

Autre élément de nouveauté : La place faite aux laïcs, voulue par l’Eglise avec notamment la mise de la parole de Dieu à disposition des laïcs, afin qu’ils ne soient plus uniquement à la remorque de l’enseignement de la hiérarchie, et puissent comprendre leur foi par eux-mêmes et l’interpréter, la prendre en charge en quelque sorte. Et l’invitation faite aux laïcs à prendre des activités et des responsabilités dans l’Eglise, ce qui revenait à les traiter en personnes « majeures » - comme ils le sont dans la société civile et politique – et ouvrait la voie à une relative démocratisation de l’Eglise, afin qu’elle ne soit plus la dernière monarchie absolue du globe et puisse entrer dans le débat commun des peuples civilisés.

Enfin, au principe de ce que je viens de dire, il y avait la volonté de l’Eglise de se réconcilier avec l’esprit moderne, c’est-à-dire en gros – en très gros – avec l’esprit des Lumières. Annuler les condamnations portées contre les « idées nouvelles » au cours du XIXe siècle et reconnaître les Droits humains, la liberté de conscience et la liberté de religion. Ce qui a été effectivement fait par la Constitution Gaudium et spes, mais qui n’a pas produit à l’intérieur de l’Eglise l’effet de libération qui aurait dû en résulter, car c’est cette « ouverture » sur le monde, …parenthèse dans l’histoire de l’Eglise, que la papauté voudrait ardemment refermer.

Voilà les éléments de nouveauté de Vatican II. On comprend bien que des évêques, des prêtres et des fidèles en aient été déstabilisés. C’était assurément accepter de faire entrer un certain vent de modernisme dans l’Eglise. D’où de fortes réactions qui ont conduit à une montée en puissance de l’ancienne minorité de Vatican II, soutenue et maintenant remplacée par des évêques plus récemment choisis…

L’évolution qui se fait actuellement à rebours, la tendance trop marquée à revenir de Vatican II à Vatican I et à Trente fait fuir de l’Eglise un grand nombre de chrétiens. A quoi s’ajoutent, depuis le Concile, les fréquentes condamnations par Rome des relations sexuelles de tous types anticonceptionnels, et, dans un ordre différent, les mesures prises pour une restauration liturgique et disciplinaire qui tend à restreindre de plus en plus la place des laïcs. C’est vrai en France, en Belgique, en Allemagne et en d’autres pays !…Dans le même temps, l’Eglise ouvre les bras aux partisans du schisme de Mgr Lefebvre…On y met des conditions, mais en faisant des concessions…

On efface la nouveauté…Par exemple, on dira : « Oui, il est vrai que Vatican II a voulu développer la collégialité épiscopale, mais toujours avec Pierre et sous Pierre », c’est-à-dire toujours sous la direction du pape. Moyennant quoi, quand se tient un synode d’évêques, on dit : « Voici la collégialité à l’œuvre », Très bien ! Sauf que les évêques ont bien du mal à retrouver leur pensée dans le document final après qu’il a été trituré par des secrétaires romains et signé par le pape, qui le présente en disant : « Voici ce qu’ont dit vos évêques ! »…

D’où le danger…qu’il ne reste bientôt plus dans l’Eglise que des fondamentalistes et des traditionalistes, qui n’attendent d’elle rien d’autre que le retour aux rites anciens et aux réponses du catéchisme, ou des charismatiques si on tolère quelques exubérances religieuses. Mais parmi ceux qui actuellement, dans un esprit d’ouverture, de renouveau ou de modernité, voudraient, par exemple, lier la foi à la justice et à l’action dans la société, ou souhaiteraient un autre type de rapports et de communion entre la hiérarchie et les fidèles…beaucoup de ceux-là s’en vont ou en ont envie…Que vont-ils devenir ? Vont-ils pouvoir au moins rester unis ? Vont-ils garder quelques liens avec l’institution pour entretenir leur vie sacramentelle ? Pour la faire évoluer aussi, ce qu’on ne réussit pas à faire du dehors ! De toute façon, une évolution à rebours est en route…L’Eglise catholique ne tardera guère à devenir sectaire si elle se réduit à des groupes fondamentalistes ou piétistes, dont la préoccupation majeure serait de prendre le contre-pied du monde actuel.

Joseph Moingt.
« Croire quand même » Temps présent – 2010. pp. 162-167