Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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Dernière place

30 août 2022, par Jean-Louis Cathala

Lc 14, 7-14 22ième C 28.08.22 St Paul MPL

Nous sommes au chapitre 14 de Luc. Jésus, comme souvent, est invité chez un Pharisien. Il est proche de ces gens respectables et respectueux de la tradition, mais ne se gêne pas pour parler franchement ! C’est le jour du Sabbat ; le Fils de l’homme guérit et ses gestes de miséricorde sont suivis d’un enseignement : « Va te mettre à la dernière place ». Bonne idée pour éviter la honte de céder sa place à quelqu’un de plus honorable (verset 9). Et à la fin nous est donné la clef de l’histoire : « Quiconque s’élève (verbe Upsôo) sera abaissé (verbe Tapeinôo) et celui qui s’abaisse sera élevé » (verset 11).

Le Christ manifeste ainsi ce qu’est la révolution de l’Évangile ! Souvenons-nous de la figure de l’enfant : « Quiconque s’abaisse (Tapeinôo) comme ce petit enfant est le plus grand dans le Royaume des cieux » (Matthieu, chapitre 18, verset 4). Vous l’avez probablement noté : dans le récit de ce dimanche, il s’agit d’un « repas de noces » (verset 8) : une image de l’accomplissement du Royaume. Jésus nous parle donc du grand dessein de l’amour de Dieu annoncé par les Prophètes et proclamé au début de l’Évangile selon Luc : « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles » ; on pourrait traduire : ceux qui sont humiliés ou abaissés. (chapitre 1, verset 52 ; en grec : Upsôsen tapeinous, ce qui reprend les deux verbes du chapitre 14, verset 11 !). Oui, notre Dieu est toujours du côté des humiliés. Dans le Christ, librement et par amour, Il s’est abaissé (Tapeinôo ; Philippiens, chapitre 2, verset 8). Il a pris la dernière place. Le Maître, l’innocent, a été crucifié en lieu et place de l’esclave et du bandit. Il a pris sur lui toute humiliation, non par je ne sais quel masochisme, mais pour nous guérir de toute humiliation.

En fait, ce qui importe, pour nous, sur la route de nos vies, c’est de pouvoir grâce à la tendresse du Seigneur passer de l’humiliation à l’humilité. Voila un chemin difficile, mais très sûr : l’humilité ! Et ne soyons pas naïfs : chercher à tout prix la dernière place peut être aussi en nous le signe de la volonté propre et de l’orgueil ! Restons donc modestes et modérés ; c’est déjà formidable si chacune et chacun dans nos communautés prend humblement sa juste place sans prendre toute la place ! Car alors, il y aura de la place pour tous et le Royaume continuera d’advenir.