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Purgatoire ?

3 novembre 2019, par Jean-Louis Cathala

Si vous voulez paraître vintage ou pire encore, has been, vous n’avez qu’à parler du « purgatoire », un vieux mot trop catholique, un peu comme « confessionnal » ou « burette ». Et chacun sait - ou croit savoir - que c’est une « invention du Moyen-âge » pour extorquer au bon peuple de l’argent pour les tristement célèbres indulgences. Vous voyez, on est mal parti ! Et pourtant, moi, j’ai envie de le défendre, le purgatoire. Certes, la Bible n’en parle pas ; mais que de choses vraies et d’une grande convenance avec l’Évangile ne sont pas exprimées clairement dans les Écritures ! L’Esprit qui accompagne les disciples ne s’est pas arrêté de souffler au dernier chapitre de l’Apocalypse de Jean. Du reste, le purgatoire n’est pas un dogme ; il est simplement le fruit d’une réflexion liée à la question du salut : Comment comprendre que Celui qui nous sauve sans aucun mérite de notre part nous appelle aussi à participer à notre libération ? Comment entrevoir que notre Dieu est miséricorde infinie tout en étant le défenseur intransigeant des humiliés ? Le mal que nous avons fait n’entrera pas dans le Royaume ; et toutes nos blessures, non plus. Quand on est âgé, lorsque les masques tombent et que le contrôle de soi est moins efficace, tout ce qui n’est pas réconcilié s’exprime au grand jour.

En vérité, nous sommes sur terre pour être libérés. Le purgatoire n’est pas un lieu, mais un chemin. Le traverser n’est pas un passage obligé pour « obtenir » le salut. Ce serait plutôt l’inverse : parce que nous avons été sauvés gratuitement par la mort du Christ alors que nous étions encore pécheurs, son amour agit en nous peu à peu. Au fond, que pourrions-nous attendre sans purgatoire ? Le paradis tout de suite et pour tous ? On ira tous au paradis ! Aussi ceux qui ont commis les pires cruautés ? Allez dire cela à leurs victimes ! Cependant, la foi nous donne d’espérer que nul n’est condamné en se condamnant lui-même. Notre guérison intérieure se poursuit par la seule grâce de Dieu après notre mort. Au bout du bout, toute chair venue en ce monde connaîtra le bonheur éternel du Royaume. Le purgatoire, cela veut dire que lorsque pour nous la conversion n’est plus possible, rien, pourtant, n’est impossible à l’amour de Dieu.

Nous voici plongés dans le mystère de la communion des saints : nous prions avec et pour celles et ceux que nous avons tant aimés. Nous intercédons pour leur libération définitive et eux, pour la nôtre en chemin. Au cœur de l’eucharistie, les défunts nous sont présents dans la communion au corps du Ressuscité. Redisons-le avec force : le purgatoire n’est pas une punition. Dieu ne punit personne. Il n’aime pas la souffrance. Un jour, j’ai entendu cette comparaison : si je vis dans la fermeture à l’amour, je suis dans l’obscurité ; lorsque je me retrouverai face à la Lumière, j’aurai mal aux yeux et j’aurai besoin de beaucoup de « temps » pour m’y habituer. Mais ce n’est pas Dieu qui me fera souffrir ! Je finirai par être libéré de tout mal et j’entrerai dans la joie qui ne finit pas. En revanche, si j’ai vécu dans l’amour, mon regard s’est purifié peu à peu et mes yeux sont prêts pour accueillir la Lumière.

Jean-Louis C.

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