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Diocèse de Montpellier

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Exclu (Lc 4, 21-30)

4 février 2019, par Jean-Louis Cathala

En parcourant l’Évangile selon Luc, nous constatons que des personnes laissées pour compte pour des raisons à la fois sociales et religieuses deviennent les acteurs privilégiés d’une histoire de libération. Qu’il nous suffise de penser aux bergers, au paralytique et aux lépreux, à la pécheresse de la ville et à toutes ces femmes qui suivaient Jésus, aux publicains Levi et Zachée, au bon larron, au possédé du pays des Géraséniens, à la femme atteinte d’un flux de sang et à tous les malades. Le Christ est attentif aux exclus car le Dieu d’Israël est le Dieu des esclaves, un Libérateur toujours du côté des humiliés.

Ceci transparaît en filigrane dans notre récit de ce dimanche : Les gens de la synagogue « excluent » Jésus « hors de la ville » (verbe Ekballô). Pourquoi une telle violence ? Le fils de Joseph appuie là où cela fait mal ; il évoque la veuve de Sarepta et Naaman, le Syrien, épisodes aux cours desquels les enfants d’Israël n’avaient pas eu la part belle (1 Rois 17 et 2 Rois 5). Le Christ ne joue pas sur un registre que nous pratiquons peut-être parfois et que nous entendons bien souvent : l’autosatisfaction, l’auto célébration, la langue de bois et la défense à tout prix de l’institution. Entre parenthèse, face au phénomène massif des abus sexuels dans l’Église, il ne suffira pas de demander pardon et de faire un travail d’accompagnement des personnes supposées « à risque » ; nous sommes appelés à nous remettre radicalement en question par rapport à tout ce qui favorise le cléricalisme. Au chapitre 20 de St Luc , dans la Parabole des vignerons homicides, Jésus fera une lecture critique de l’histoire de son peuple. Dans ce récit, nous rencontrons le même verbe : les vignerons jettent l’héritier « hors de la vigne » (Ekballô au verset 15). Selon la Loi juive, l’enfant de Nazara n’était pas en marge, mais il dérangeait parce que c’était un homme libre. Nous le savons bien, les personnes qui par leur parole ou leur façon de vivre interpellent le faux idéal d’une communauté sociale ou religieuse se retrouvent mises sur la touche. Le Christ n’était pas du côté des puissants. Il a partagé jusqu’au bout la destinée des préférés de son Père. Et il a été traité en conséquence, comme Oscar Romero, par exemple, assassiné au milieu de son peuple opprimé. Jésus « a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (Matthieu, chapitre 8, verset 17) ; il s’est identifié au sort de ceux dont il prenait la défense et le parti : Né à l’extérieur de la salle commune (Luc chapitre 2, verset 7), poussé « hors de la ville » par quelques fanatiques à Nazareth (chapitre 4, verset 29), il souffrira « hors de la porte » de Jérusalem, selon l’Épître aux Hébreux (chapitre 13, verset 12).

Aujourd’hui, le Ressuscité est encore et d’abord à aimer sur le visage des personnes mises de côté, expulsées, délaissées ; sur le visage des « oubliés », des « invisibles » et des « déchets » de nos sociétés. Que l’Esprit Saint nous éclaire et nous convertisse !

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