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Sacrifice (Hb 10, 11-18)

19 novembre 2018, par Jean-Louis Cathala

En ces jours du centenaire de l’armistice de 1918, nous avons commémoré les souffrances de tous ces soldats qui ont fait le sacrifice de leur vie. On ne peut qu’avoir du respect pour cela. Cependant, la médaille du sacrifice a son revers : on leur a pris violemment leur existence. Et combien de millions de pauvres gens, combien de peuples, sont aujourd’hui sacrifiés sur l’autel de Mamon, le dieu du profit et de la corruption ?

Ce dimanche, notre deuxième Lecture nous parle de « sacrifice ». La Lettre aux Hébreux est adressée à des juifs de langue grecque devenus disciples de Jésus, mais qui ont la nostalgie de la splendeur du culte du Temple de Jérusalem. L’Épître utilise ainsi le langage religieux du Sanctuaire pour leur annoncer le mystère du Christ. Mais ce n’est qu’un langage ! La foi nouvelle est en rupture avec la religion sacrificielle. Et si le texte évoque « l’unique sacrifice du Christ », c’est pour signifier que le culte du Temple est abrogé. L’offrande de Jésus réalise une fois pour toutes la réconciliation que ces rituels annonçaient. Désormais, les sacrifices n’ont plus lieu d’être. Ils sont inopérants.

Pourtant, du temps de nos parents et de nos grands-parents, on insistait pour dire que la messe était un vrai sacrifice, en partie pour contrer les protestants qui le contestaient. Cela a donné une triste religion dans laquelle il fallait souffrir avec Jésus pour accomplir la volonté du Père ; une triste religion qui interdisait presque aux gens de se réjouir des bonheurs de la vie. Le quotidien n’est-il pas déjà pour beaucoup assez dur à vivre ? Le « sacrifice » a fait bien des dégâts ! De fait, je préfère ne pas utiliser ce terme pour parler du Repas du Seigneur ; à la limite, on peut dire que la messe est le mémorial - c’est-à-dire l’actualisation liturgique - de l’unique sacrifice du Christ, à condition de bien comprendre le mot au sens du don de la miséricorde. Au fond, ce que nous célébrons, ce n’est pas un homme offert à Dieu, mais Dieu qui s’offre librement pour que nous ayons la vie en abondance ! Il se donne par amour afin que nous nous donnions par amour jour après jour. Voilà le culte véritable ! Nous sommes faits pour le don et la joie.

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