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Sommeil mystérieux (Gn 2, 18-24)

9 octobre 2018, par Jean-Louis Cathala

Beaucoup de nos concitoyens refusent toute forme de discrimination ; c’est important et c’est heureux ! Cependant, certains en viennent à considérer que finalement, toutes les pensées et tous les comportements seraient équivalents. Dans cet esprit, je suis mon seul repère, à condition d’être « vrai » avec moi-même et de ne pas enfreindre les lois de la République. Tout autre lumière venue de l’extérieur – toute hétéronomie - doit être congédiée. Me voici dans le règne – ou du moins dans le rêve - de l’autonomie absolue ! Mais peut être qu’au fond, ce que je pense être l’expérience de la liberté me réduit à l’enfermement dans ma volonté propre, voire à la régression dans le désir infantile de la toute-puissance, voire même à l’esclavage de mes pulsions. Dans nos sociétés qui se pensent libérées de l’« obscurantisme », l’oubli officiel de la Transcendance conduit peu à peu à l’effacement de l’altérité. L’air du temps pousse à ne pas trop vouloir se recevoir de l’autre en tant qu’autre.

Selon les Écritures, le bonheur et la liberté s’épanouissent dans une autonomie relationnelle voulue par l’Amour ; elle engendre la communion. Nous grandissons dans l’expérience heureuse de l’altérité avec un Dieu transcendant et des humains différents. Notre lecture de la Genèse nous parle de l’importance de la différence :

* Première observation : Quand YHVH Elohim (le Seigneur Dieu) donne à l’être humain une « aide qui lui soit assortie » (chapitre 2, verset 18), il fait tomber sur lui un « sommeil mystérieux » ; une véritable « torpeur » (verset 21). Le mot est très fort (Tardema, en hébreu) ; on le retrouve dans un autre passage de la Genèse où cette fois, c’est Abraham qui reçoit une promesse (chapitre 15, verset 12 ). Ce drôle de sommeil souligne que nous avons à faire à une histoire d’Alliance ; quand l’Adam entre en scène, il n’y a pas de femme ; quand celle-ci paraît, l’Adam n’y est plus puisqu’il est dans cette torpeur. Qu’est-ce à dire ? L’être aimé doit demeurer quelqu’un sur lequel je n’ai pas de prise. La prétention de posséder l’autre, c’est la mort de l’amour !

* Deuxième observation : les premiers versets parlent de « Adam » ; ce n’est pas un prénom masculin, mais cela signifie la personne humaine universelle, littéralement : « qui vient de la terre ». C’est seulement avec l’apparition de la femme : Isha, que le terreux devient un mâle : Ish (verset 23) : Ainsi, c’est dans l’expérience de l’altérité que se construit mon identité et que se dessine l’avenir de l’humanité.

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