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Diocèse de Montpellier

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A qui irions-nous ? (Jn 6, 60-71)

27 août 2018, par Jean-Louis Cathala

A qui irions-nous ? (Jean 6, v. 62) Difficile confession de foi de Pierre : consentement à croire à l’heure où d’autres sont scandalisés, se retirent et ne vont plus avec Jésus (verset 66). Pour chacune et chacun de nous, avec nos questions et l’actualité du monde et de l’Église, que signifie croire et continuer à venir au Christ, à espérer en sa Joyeuse Nouvelle de libération ? Croire non plus seulement grâce à l’Église, qui est notre famille et que nous aimons, mais malgré l’Église. Croire, quand même !

Vous le savez, le pape François, un type formidable, vient de publier une lettre adressée à tout le peuple de Dieu au sujet des abus sexuels dans l’Église. Partout dans le monde, les scandales se multiplient. A lire les journaux, il y a de quoi vomir et peut-être, pour certains, de quoi désespérer. A quel saint se vouer ? A qui peut-on encore faire confiance ?

..Il ne sert de rien de constater, à raison, que les abus les plus nombreux sont commis dans les familles par des gens qui ne sont ni prêtres ni célibataires.

..Il ne sert de rien de dire que dans d’autres secteurs de nos sociétés, hélas, ces comportements sont probablement tout aussi répandus.

..Il ne sert de rien de répondre que dans l’Église, ces actes seraient le fait d’une petite minorité de brebis galeuses : des malades et des pervers « comme il y en a partout ». Soyons clairs : ces crimes sont rendus possibles par de graves dysfonctionnements :

* A la source, l’idéologie de la perfection religieuse ; les institutions obsédées par la perfection ne voient pas toujours le mal en leur sein et manquent parfois cruellement de miséricorde. Le problème, ce n’est pas le célibat en tant que tel, mais le déni de notre bienheureuse humanité, dont la tendresse et la sexualité font partie. Qui veut faire l’ange, fait la bête !

* Autre gros souci : la sacralisation des prêtres. Ils se trouvent enfermés dans un rôle qui ne leur permet pas d’être avant tout des humains au milieu des humains, ni meilleurs ni pires que les autres, mais qui essayent avec leur limites d’annoncer un trésor.

* Et puis, surtout, le poison du cléricalisme ; avec parfois de véritables castes autocentrées et narcissiques ; fermées au monde et fermées aux femmes. Le pouvoir, à l’origine, c’est le pouvoir sacré ; il vient d’en haut, force le respect et suscite naturellement la confiance. Ne dit-on pas que les prêtres sont le visage du Christ ? Le malheur, c’est que le pouvoir sacralisé peut facilement glisser vers l’abus de pouvoir ; et l’abus de pouvoir peut aussi prendre la forme de l’abus sexuel. Pour couronner le tout, la culture du silence et du secret, de la langue de bois et de la protection de l’institution ; l’Église n’en a pas le monopole, mais cette culture s’y épanouit très bien et explique pour une part l’ampleur des crimes, le retard des procédures et l’oubli des victimes.

A qui irions-nous ? Ce qui se passe aujourd’hui abîme douloureusement des siècles d’évangélisation et le témoignage d’une multitude de saints qui ont fait tant de bien. Dans certains pays comme l’Allemagne, jetant le bébé avec l’eau très sale de son bain, nombreux sont les baptisés qui se retirent et quittent l’Église catholique. Et nous autres, où aller et que faire ? Attachons nous au Christ, le Saint de Dieu (verset 69). Formons des communautés réellement participatives et fraternelles ; ouvertes sur le monde. Continuons à aimer notre Église, même si beaucoup de ses serviteurs nous scandalisent. Désirons une Église pauvre et pour les pauvres ; véritablement servante et sans pouvoir mondain ; une Église dans laquelle toutes et tous, quels que soient leur genre et leur état de vie, auraient droit au chapitre et rendraient les services de la mission.

Demandons au Seigneur de nous convertir et de nous libérer de tout mal. Et dans cette eucharistie, prions de tout cœur pour les victimes de tous les abus sexuels.