Pas pour soi-même (Rm 14, 7-9)

Paul aux Romains nous invite à agir « pour le Seigneur » (chapitre14, verset 8). Ce qui importe pour le nouveau disciple, quelles que soient ses habitudes - en l’occurrence les pratiques alimentaires du judaïsme - c’est de ne pas rester tourné vers lui-même ; d’où cette charité qui apprend à ne pas mépriser les pratiques des autres. L’important, c’est de tout faire pour « être au Seigneur ». Lui appartenir ! Que nous vivions ou que nous mourions, être à celui qui par sa résurrection est le Seigneur des morts et des vivants.

On peut en ce sens encore et toujours citer l’Hymne aux Philippiens qui demande d’avoir entre nous « les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus » (Chapitre 2, verset 5) et nous laisser configurer à ce Seigneur-Serviteur qui nous à aimés jusqu’au bout dans le décentrement de lui-même. Pensons à nos engagements les plus généreux : Fais-je cela pour le Seigneur et pour les autres ou suis-je dans la posture de la condescendance, de la bonne conscience ? Le bonheur passe par la guérison de notre égocentrisme parfois très infantile quel que soit notre âge. Mystère de la vie dans le Christ : c’est dans la mesure où nous sommes libérés de notre petit ego grâce à l’amour d’un autre que nous advenons à nous-mêmes  ! Car en vérité, la libération selon l’Évangile, à la différence des spiritualités venues d’Asie, n’est pas dans l’extinction ou la dissolution de l’ego, mais dans sa conversion en ego-pour-les-autres ; dans sa transfiguration ; dans sa résurrection  ; après notre mort et déjà aujourd’hui dans la foi. Ressusciter, c’est vivre pour les autres !