Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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La Bible

8 juillet 2017, par Jean-Louis Cathala

Parcourir la Bible est une aventure
(Extraits du journal La Croix du 25-26 oct 2014 pp. 11 et 12 : Entretien avec Pierre-Marie Beaude, auteur de « La Bible de Lucile, notre voyage de la Genèse à l’Apocalypse » - Bayard -2014)

Tout lecteur est quelqu’un qui recherche des certitudes. On a tous un peu peur de l’étranger. Regardez le nombre de personnes qui n’écoutent pas, qui vous interrompent quand vous parlez. Elles ont trop peur d’être remises en question. C’est difficile de savoir accueillir, d’écouter ce que l’autre a à dire. Or qu’est-ce que le fondamentalisme dans la lecture de la Bible ? C’est quelqu’un qui dit : j’applique le texte tel qu’il est, je prends le sens tel qu’il est. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de sens tel qu’il est}}}. Par exemple, vous prenez le Livre d’Esdras. On vous dit : tu n’as pas le droit d’épouser des femmes étrangères. Vous prenez le Livre de Ruth : on célèbre Ruth, qui est une étrangère. Elle va même entrer dans la lignée du Messie. Qui a raison ? Ruth ou Esdras ? Mais si on commence à faire jouer les textes les uns par rapport aux autres, on entre dans une démarche interprétative.

Et c’est précisément cela l’aventure biblique. La Bible, par rapport à certains textes comme les mythes, est faite de pièces et de morceaux. C’est une constante reprise de traditions. C’est cela la vérité de la Bible. Une vérité qui fait un peu patchwork. Cela peut être déroutant pour le lecteur qui est ainsi situé dans une sorte de centre où se croisent sans cesse diverses influences. C’est aussi ce qui le met en mouvement…Il faut arriver à une mentalité que les Pères de l’Église connaissaient bien : il n’y a pas qu’un sens…Les Pères profitaient des difficultés du texte pour le creuser et y trouver un sens plus profond…Le sens ne se donne jamais en une seule fois. Il a besoin que tu pratiques, que tu marches, que tu y reviennes…La lecture est un travail et une aventure…

On peut formaliser le monde avec des formules abstraites et efficaces, comme E=MC2. Mais il y a aussi une autre manière d’appréhender le monde, surtout pour aborder les grandes questions de l’humanité : l’amour, la souffrance, tout ce qui relève de l’intime. Et là, il faut du récit…Une lecture réussie, c’est une lecture qui tisse, inter-tisse si l’on peut dire, le texte avec l’expérience de vie. Jusqu’au moment où le lecteur va porter le texte dans son âme…

On peut dire en une phrase ce qui est le cœur de la Torah ou de l’Évangile, mais une fois cela dit, il faut faire son chemin en étudiant. Autrement dit, tu sais tout et tu ne sais rien. L’idée sous-jacente est qu’il faudrait être toujours dans la Bible. Que la bible est un texte de compagnonnage…Il faut trouver des communautés interprétantes. Ce peut être les grands lecteurs anciens ou un groupe biblique… Étudier, cela veut aussi dire : n’aie pas peur de lire la Bible. Le texte ne doit pas te paralyser au motif qu’il serait sacré.