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Diocèse de Montpellier

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Du sacré à la sainteté (Lev 19)

21 février 2017, par Jean-Louis Cathala

« Soyez saints, car moi, Adonaï (YHVH), je suis saint » (Lévitique, chapitre 19, verset 2).

Toutes les prescriptions du Lévitique sont au service de la communion entre un Dieu « saint » et un peuple « saint ». La « sainteté » est un attribut essentiel du Dieu d’Israël : Dieu Tout-autre, transcendant, différent de ses créatures. Son Nom est tellement saint que nos frères juifs l’appellent « Hakodesch barekhu », c’est-à -dire : « Le Saint, béni soit-Il » !

Souvent, nous confondons « saint » et « sacré ». Il existe un lien originel entre ces deux notions, mais peu à peu, au cours de la Révélation biblique, la sainteté se dégage du sacré. Le sacré, c’est l’Absolu ; l’intouchable ! Il sépare et hiérarchise. Le sacré fait peur, mais il attire parce qu’il donne un pouvoir. Le pouvoir fondamental, c’est le pouvoir sacré ! Une personne ou une chose sont sacrées quand elles sont soustraites au monde « profane » à cause de leur proximité avec le Divin. Notre Dieu, Lui, ne se la joue pas dans le sacré. Il est saint ; l’unique au monde ! C’est le Dieu de l’Alliance. Son peuple est saint, élu, mis à part, mais pour témoigner d’un amour offert à tous. Avec Adonaï (YHVH), la séparation du profane devient une abstention du mal et du péché afin d’entrer dans l’Alliance}}} : « Tu aimeras ton prochain comme toi même » (Verset 18). C’est cela, la sainteté ! Elle ne sépare pas ; elle distingue pour unir dans la différence et dans l’Alliance avec Dieu et entre nous tous, frères et sœurs d’une humanité tout entière appelée à la sainteté.

Pourtant, pendant longtemps, le peuple d’Israël a continué à « sacraliser » des lieux – le Temple de Jérusalem - des personnes - les Cohen et les Lévites – ou encore des aliments, déclarés « purs ». Avec l’avènement de l’ Évangile, tout comme pour la foi juive depuis la destruction du Temple, il n’y a plus de séparation entre le sacré et le profane ! Jésus, le Fils du Père, par son Incarnation, par son partage de notre vie quotidienne, de notre travail, de nos détresses, de notre mort, a donné un coup de grâce définitif au sacré  ! Et de même que tous les Enfants d’Israël sont appelés à la sainteté, tous ceux qui ont mis leur foi dans le Christ sont appelés « saints » : toutes et tous « sanctifiés » par l’Esprit de Celui dont le Nom est sanctifié. Il ne peut s’agir d’en sacraliser quelques uns. C’est important de le souligner car depuis 2000 ans, des régressions sacrales se sont incrustées dans la foi chrétienne ; aujourd’hui, face à une sécularisation souvent perçue comme une menace, on assiste un peu partout dans l’Église au retour des « druides » et à l’affirmation du pouvoir sacré du clergé.

Nous allons tous ensemble célébrer le festin de l’Alliance. La messe n’est pas un passage du profane au sacré par la transformation presque magique du pain et du vin en corps et sang du Christ grâce au pouvoir sacré d’un homme sacré dans un lieu sacré ! Non ! L’eucharistie, c’est l’action de grâce universelle envers un Dieu saint qui vient nous rendre saints par son Esprit et se rendre présent au cœur de l’ordinaire de nos vies, de nos joies, de nos peines, de notre pain, de notre vin. Heureux les invités au Repas du Seigneur !