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Veau d’or (Ex 32)

12 septembre 2016, par Jean-Louis Cathala

Souviens toi de tes serviteurs !

Dans les Écritures, tout comme d’ailleurs dans le parcours d’une vie, vous y réfléchirez, ce n’est que peu à peu que l’on découvre le visage et la miséricorde de notre Dieu. On n’est pas d’emblée dans la réjouissance finale de l’Évangile ! Et il y a des étapes ; des textes ou des moments fondateurs. Par exemple, dans le Livre de l’Exode, le veau d’or, notre lecture de ce dimanche. Un récit mythique ! Nous avons peut-être devant les yeux les images des Bibles de notre enfance ! L’Alliance entre YHVH et son peuple est au cœur du premier Testament}}} et cet épisode du long chemin de la foi met en scène une rupture d’Alliance, une Alliance qui sera renouvelée au chapitre suivant.

Le veau d’or nous parle de la grande faute de l’idolâtrie ! Tout commence par un manque de confiance des Enfants d’Israël vis-à-vis de Moïse, resté sur la montagne. Le peuple impatient dit alors à Aaron : « Fais nous des dieux qui marchent à notre tête… » (Exode, chapitre 32, verset 1). L’idolâtrie suscite la jalousie de Dieu et en l’occurrence, la colère de Moïse, car elle touche de près à la relation d’Alliance. L’idolâtrie brise en quelque sorte les tables de l’Alliance, comme Moïse le fera en descendant de la montagne (verset 19). L’idolâtrie surgit encore aujourd’hui dans nos cœurs quand nous sommes tentés de bien des manières de mettre la main sur Dieu, celui que nous ne voyons pas. A l’extérieur, je peux très bien être un bon chrétien sous tous rapports et cependant, à l’intérieur, vouloir disposer de Dieu à mon gré pour me donner bonne conscience, pour justifier mes choix, y compris mes manques d’amour. Je crois adorer celui qui m’a libéré dans le Christ, mais en fait, c’est parfois moi-même que j’adore. Je suis un petit dieu qui ne me contredit jamais. J’adore… un petit dieu à mon image, peut-être pas de pierre et de bois, mais c’est tout comme !

Pour les Prophètes d’Israël, qui comparent l’Alliance à l’union entre un homme et une femme, l’idolâtrie est un adultère, une prostitution ! Mais notre conversion est toujours possible. Elle ne vient pas de nos mérites, mais d’un Dieu qui se souvient ! Si YHVH « renonce au mal » qu’il veut faire à son peuple (verset 14), c’est à cause de la Promesse faite à ses serviteurs Abraham, Isaac et Jacob (verset 13). « Souviens-toi ! » C’est le grand argument de Moïse et c’est aussi notre prière d’intercession au cœur de l’eucharistie. Souviens-toi, cela signifie : rend ton salut présent aujourd’hui ; sois-donc fidèle à ton amour ! Ce verbe se souvenir apparaît pour la première fois dans les Écritures lorsque Dieu «  se souvint de Noé » dans le Livre de la Genèse (chapitre 8, verset 1). Au tout début de la grande aventure de l’Exode, ce qui incite Dieu à libérer son peuple, c’est qu’il « se souvint de son Alliance  » (Exode, chapitre 2, 24). Le Dieu de l’Exode ne supporte pas nos idolâtries ; mais il renonce à punir son peuple. Plus tard, dans le Livre de Jonas, il se repentira même du mal qu’il comptait faire à Ninive, la grande ville païenne (chapitre 2, verset 10) ! Nous voici donc déjà sur le chemin de l’Évangile, qui nous racontera clairement l’histoire d’un Dieu qui n’est que miséricorde et qui par la Croix du Christ s’est tout réconcilié avec lui-même (Colossiens, chapitre 1, verset 20).