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Diocèse de Montpellier

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Dernière place (Lc 14, 7-14)

29 août 2016, par Jean-Louis Cathala

Qui s’élève sera abaissé !

« Pousse-toi de là que je m’y mette… » C’est vieux comme le monde ! Beaucoup se disputent pour obtenir la première place dans le cadre d’une primaire et de bien d’autres manières ! Jésus, une fois de plus, est invité chez un Pharisien. Il est proche de ces gens respectueux de la tradition, mais ne se gêne pas pour leur parler franchement ! C’est le jour du Sabbat ; le Seigneur guérit et comme souvent, ses gestes de miséricorde sont suivis d’un enseignement.

« Va te mettre à la dernière place ». Comme une mise en garde pour éviter la honte de céder sa place à quelqu’un de plus honorable (verset 9). Et à la fin de l’histoire, il nous est donné une clef pour comprendre : « Quiconque s’élève (verbe Upsôo) sera abaissé (verbe Tapeinôo) et celui qui s’abaisse sera élevé » (verset 11).

De fait, au-delà de la critique des notables, le Christ appelle à la révolution de l’Évangile ! Souvenez-vous de la figure de l’enfant : « Quiconque s’abaisse (Tapeinôo) comme ce petit enfant est le plus grand dans le Royaume des cieux » (Matthieu, chapitre 18, verset 4). Vous l’avez probablement noté : dans le récit de ce dimanche, il ne s’agit pas de n’importe quel repas, mais d’un « repas de noces » (verset 8) : Une image de l’accomplissement du Royaume. Jésus nous parle du grand dessein de l’amour de Dieu annoncé par les Prophètes et proclamé au début de l’Évangile selon Luc : « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles » ; on pourrait traduire : « ceux qui sont humiliés ou abaissés » (chapitre 1, verset 52 ; en grec : Upsôsen tapeinous, ce qui reprend les deux verbes du chapitre 14, verset 11 !). Et encore : « Tout ravin sera comblé, toute montagne ou colline sera abaissée » (Tapeinôo ; chapitre 3, verset 5).

Notre Dieu est toujours du côté des humiliés. Dans le Christ, librement et par amour, Il s’est abaissé (Tapeinôo ; Philippiens, chapitre 2, verset 8). Il a pris la dernière place. Le Maître et l’innocent a été crucifié en lieu et place de l’esclave et du bandit. Il a ridiculisé notre vanité pour nous en libérer. Surtout, il a pris sur lui toute humiliation pour nous guérir de toute humiliation. Quand on est trop autoritaire ou trop envahissant, c’est souvent le signe qu’on a été humilié. Mais l’un des enjeux de notre vies, n’est-ce pas de passer de l’humiliation à l’humilité}}} ? Si dans notre société, nos familles et nos communautés, chacune et chacun prend humblement sa juste place sans prendre toute la place, alors il y a de la place pour tous et le Royaume continue d’advenir ; ici et maintenant.