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Un jour d’effroi (Mt 13, 31-35)

27 juillet 2016, par Jean-Louis Cathala

Ce soir, c’est une messe ordinaire : le lieu où les disciples du Christ Jésus se rassemblent pour partager une parole et pour rompre du pain, comme on essaye de rompre le silence lourd de la peur et pour le laisser transformer, peut-être, en parole qui nourrit et guérit. Ce soir, dans cette assemblée de l’eucharistie où l’Église offre depuis toujours tant de joies et de peines, nous portons notre tristesse et notre effroi. Et nous sommes en communion universelle avec tant de victimes d’une violence aveugle qui n’a ni foi ni loi et qui s’attaque à tous : aux yésidis, aux musulmans, aux juifs, aux chrétiens ; ici, dans notre beau pays, et partout ailleurs. Une globalisation de l’horreur qui n’est pas sans lien avec une mondialisation de l’injustice.

Et voici la parole que nous propose ce soir la liturgie ; un passage, au chapitre 13 de Matthieu, que nous n’avons pas choisi. Qu’allons nous en dire et en faire ? Il s’agit de deux petites paraboles : des comparaisons pour entrer dans le royaume des cieux. Le Règne de Dieu ! Cette transformation du monde ; cette révolution de l’amour qui s’est faite proche en Jésus de Nazareth. Qui s’est incarnée en lui, mais qui est aussi entre nos mains ce soir.

Notre réponse à la violence, c’est comme une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. Elle est bien petite et bien pauvre, cette graine. Elle n’a pas fière allure. Mais elle a dans le cœur l’immensité d’un avenir où tous pourront dans notre monde trouver leur place et faire leur nid ; sans avoir peur. Elle a la force insoupçonnée d’une vie prise en apparence, mais qui se donne pour engendrer la vie.

Notre réponse à la haine, nous qui sommes sans pouvoir et sans arme, nous qui ne faisons pas de politique, c’est une présence qui ne fait pas de grand discours ; qui ne la ramène pas ; comme ce petit bout de femme de la parabole qui est dans sa cuisine, invisible aux yeux des puissants, mais qui porte le monde avec son levain dans sa farine.

Notre réponse à la peur et au désarroi, c’est de nous serrer les coudes dans le silence. Notre réponse aux actes de ces frères humains rendus monstrueux par une idéologie de mort, c’est que nous devenions de plus en plus humains et fraternels envers tous, dans nos quartiers, dans nos rues, sur nos lieux de travail. L’Evangile nous demande de pleurer avec ceux qui pleurent, mais aussi de résister aux amalgames et aux caricatures.

Vous savez, quand tout va bien, on peut facilement oublier la douce folie de l’Evangile et la réduire à je ne sais quel politiquement correct. Mais quand on est blessé, quand on a vraiment mal, il ne nous reste que l’amour du Christ, caché depuis la fondation du monde : « Aimez vos ennemis. Priez pour ceux qui vous maltraitent. Vous serez ainsi les fils de votre Père du ciel, qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? » (Matthieu, chapitre 5, versets 44-46)