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Les seins de sa consolation Is 66, 10-14

7 juillet 2016, par Jean-Louis Cathala

En ces jours-là…La paix comme un fleuve !

Plus que jamais, hélas, la fin de la violence n’est pas pour demain en Syrie et pour bien d’autres peuples au Proche et Moyen Orient. Et voici que ce dimanche, la première Lecture, au dernier chapitre d’Isaïe, vient nous parler d’ « allégresse » et de « paix » pour Jérusalem ! De qui se moque-t-on ? En fait, ce poème exprime une « utopie » au vrai sens du terme : non pas une illusion, mais l’horizon dont nous avons besoin pour construire un monde meilleur et pour avancer dans la confiance. Les Livres des Prophètes sont remplis d’utopies parce que notre Dieu est le Dieu de la promesse}}}. Notre Lecture témoigne de l’époque de la reconstruction du Temple dans les décennies qui suivent le retour de l’Exil à Babylone. Jérusalem demeure l’horizon des rapatriés, qui vivent dans des conditions difficiles et qui ont besoin de réconfort.

Dans ce contexte, le Prophète nous parle de Sion comme on parle d’une
mère. Il évoque au verset 11 les « seins de sa consolation. » Deux versets plus loin, le poème est encore plus clair, et c’est YHVH lui-même qui prend la parole : «  Comme un fils que sa mère console, moi aussi je vous consolerai » (Isaïe, chapitre 66, verset 13 ). A travers la figure de Jérusalem, que Saint Paul appellera « notre mère » ( Galates, chapitre 4, verset 26 ), Isaïe nous donne à entendre que notre Dieu est non seulement Père, mais aussi Mère}}}. Et pour exprimer sa tendresse, la Bible hébraïque emploie le mot : Rahmim, c’est-à-dire, les « viscères maternelles », ce qui renvoie à l’émotion qu’une femme éprouve pour son enfant. ( Par ex, au Psaume 25, verset 6. La LXX traduira par Oiktirmos : compassion. Voir : Romains, chapitre 12, verset 1 ) La dimension féminine du Seigneur est peu soulignée dans les Écritures, qui s’enracinent dans une société patriarcale, mais elle n’y est pas absente et peut nous faire beaucoup de bien ! Ce visage de Dieu est la bonne nouvelle d’un amour inconditionnel et indéfectible : « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit ? – lisons-nous par ailleurs dans Isaïe - …Même s’il s’en trouvait une pour l’oublier, moi je ne t’oublierai jamais », dit le Seigneur (Chapitre 49, verset 15). Nous avons tous besoin de cet amour de mère, en plus de l’amour d’un père ; cela nous aide à nous savoir aimés tels que nous sommes, avec nos égarements et toutes nos fragilités.

Beaucoup d’entre nous sont encore marqués par une Eglise sans indulgence, qui a confiné le visage féminin de Dieu à la douceur de la Vierge Marie tout en témoignant d’un Maître sévère et tout-puissant qu’il nous fallait craindre, un Dieu purement et durement masculin. Ne serait-il pas bon de découvrir davantage la féminité du Seigneur ? Nous avons besoin d’une Eglise qui manifeste, y compris dans ses ministères, toute la dimension de l’image de Dieu. Souvenez-vous de la Genèse : «  Dieu créa l’humain à son image, à l’image de Dieu il le créa. Mâle et femelle il les créa. » ( Genèse, chapitre 1, verset 15 )