Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Vous-mêmes à manger ! (Lc 9, 10-17)

31 mai 2016, par Jean-Louis Cathala

Même dans la mémoire de nos chers concitoyens qui ont perdu depuis bien longtemps la douce habitude d’entendre l’Evangile, cette histoire de la multiplication des pains n’est peut-être pas complètement effacée ! C’est, de fait, l’une des rares traditions que l’on trouve dans les 4 évangiles canoniques, c’est-à-dire : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Dans la dynamique des trois premières versions, quand nous les lisons en parallèle, plusieurs points apparaissent clairement comme étant le noyau de cette tradition orale mise par écrit :

* Le premier de ces points que je voudrais relever, c’est la réponse de Jésus aux disciples lorsque ceux-ci essayent de se débarrasser enfin de cette foule de personnes qui ont faim et qui sont comme ces gens qui s’incrustent chez vous et qui ne partent jamais ! Les Douze demandent au Maître de les renvoyer se faire guérir et nourrir ailleurs ! Et le Christ de répondre : « Donnez-leur vous-mêmes à manger  ». (Luc, chapitre 9, verset 13) Le sens évident de cette phrase est : faites le travail vous-mêmes. Allez, au boulot ! Certes…Mais après tout, nous avons le droit de jouer l’ambigüité et de choisir de comprendre ces mots autrement, tant ils nous parlent en profondeur de notre vocation de baptisés : C’est vous-mêmes qu’il faut donner à manger… donnez-vous aux autres comme on offre du bon pain ! Et l’on pense alors à Jésus, au soir du dernier repas, qui pour symboliser et récapituler le sens de toute sa vie et de sa mort pour nous, prend du pain et le partage. Et l’on pense aussi à l’Evangile selon Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». (Chapitre 3, verset 16) « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». (Chapitre 15, verset 13) Gardons et découvrons l’estime de nous-mêmes. Ne nous laissons pas bouffer par les autres ! Mais devenons des femmes et des hommes centrés sur Dieu et sur les autres, donnés à Dieu et aux autres, non pour nous faire du mal, mais pour que nous soyons heureux avec Jésus.

* Le deuxième point que je voudrais relever, c’est qu’au bout du récit, à la fin de la Messe pourrait-on dire, tous ces gens sont rassasiés. (Luc, chapitre 9, verset 17) Et il y a de beaux restes : douze paniers ; douze, le chiffre de la plénitude ! Et ils sont ramassés, précisera l’Evangile selon Jean, « afin que rien ne soit perdu ». (Chapitre 6, verset 12) Et ce même Quatrième Evangile de donner la parole à Jésus quelques versets plus loin : « C’est la volonté de celui qui m’a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour ». (Verset 39) Qu’est-ce à dire ? D’abord, c’est cela, au fond, le sens profond du « miracle » de la multiplication des pains : Quand on partage vraiment, il y en a pour tous et il en reste encore pour tous ! Tout le contraire de notre monde, n’est-ce pas, où les richesses immenses de certains pays sont exploitées et accaparées pour le confort de quelques uns au prix du sang d’une multitude. Vous voyez : l’Evangile n’est pas hors-sol ; il nous donne des repères pour construire un autre monde. Ensuite et enfin, dans cette histoire et ces gestes du Christ et dans nos eucharisties qui en sont nourries, il en va, au fond, du salut universel, de ce grand dessein de l’amour de Dieu qui veut aujourd’hui faire de nous des femmes et des hommes libres dans l’amour. Amen.