Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Prends ton grabat (Jn 5, 1-18)

23 mai 2016, par Jean-Louis Cathala

Liturgie Orthodoxe (22.05.16 Ste Croix)

Nous venons d’entendre un passage bien connu de l’Evangile selon Jean ; c’est le troisième signe réalisé par Jésus et mis par écrit pour que nous croyions qu’il est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant nous ayons la vie en son nom. (Lire : Chapitre 20, versets 30 et 31) Ce qui importe, afin que cette foi pénètre bien nos cœurs et transforme nos vies ici et maintenant, c’est que nous puissions de quelque manière, selon une heureuse expression, « nous retrouver » dans cette page d’Evangile ; que nous y trouvions véritablement notre place.

La rencontre singulière entre le Seigneur et l’infirme, une sorte de dialogue de sourds pour le meilleur, commence par l’attention du regard de Jésus qui voit cet homme étendu, sans doute le plus misérable et le plus démuni de tous ces miséreux, infirmes, aveugles, boiteux, impotents, échoués devant cette piscine Probatique ; un sanctuaire païen de guérison. (Chapitre 5, versets 2.3.6) Quand on est malheureux, tout est bon à prendre pour s’en sortir ! Et le Christ de poser à cet homme une question un peu bizarre, tellement qu’elle est évidente : « Veux-tu recouvrer la santé ? » (Verset 6) Il est marrant, le Jésus ! Mais bien sûr. Quelle question ! Nous pouvons cependant questionner la question incongrue en apparence : en effet, nous ne voulons pas toujours guérir ! Par exemple, certaines personnes malades à cause de l’alcool ne sont pas en état de prendre la décision d’arrêter de boire parce que leur estime de soi est abîmée en profondeur et qu’ils n’ont pas, au fond, vraiment envie de continuer à vivre. S’ils étaient vrais avec eux-mêmes, ils répondraient peut-être avec le paralytique : « Je n’ai personne… » (Verset 7) Je n’ai personne pour me redonner confiance et conscience de ma valeur et de ma dignité. Jésus, aujourd’hui encore, pour agir en nous, pour nous guérir de toutes les manières et de tous les maux, pour nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres, pour nous convertir à son Evangile, nous demande quel est notre désir. C’est la logique de l’Alliance : Dieu ne nous guérit pas sans nous ! Bien souvent, nous avons la prétention d’annoncer l’Evangile aux gens en répondant péremptoirement à des questions qu’ils ne nous ont pas posées. Bien souvent, aussi, nous n’entendons pas ce qu’ils portent comme questions douloureuses et véritables. Tous, nous désirons vivre debout ; nous aspirons à une vie belle, à une société juste, accueillante et fraternelle pour tous ceux qui sont étendus au bord de la piscine par la solitude, le chômage, la dépression ; pour tous ceux qui gisent en méditerranée sur un triste bateau à la dérive.

Et Jésus, dans notre récit, d’enchaîner en court-circuitant le vieux sanctuaire dont l’eau guérissait. Vous l’avez compris : l’eau vive qui étanche toutes nos soifs et nos désirs, c’est lui qui nous l’a donne (Chapitre 4, verset 10) ; c’est lui, le nouveau Sanctuaire, Temple véritable d’où sortira au jour de la Croix l’eau qui assainit et produit la vie, qui donne des fruits qui sont une nourriture et des feuilles qui sont un remède. (Lire : Ezéchiel, chapitre 47 ; Apocalypse, chapitre 22, 1s. Jean, chapitre 19, verset 34) Et quand le Christ nous guérit, cela donne un homme qui se lève et qui prend son grabat et tous ses fardeaux, précisément en ce jour de sabbat, jour de libération pour les Enfants d’Israël. Et en parcourant plus avant ces versets, nous comprenons aussi que cette guérison est signe d’une guérison plus profonde, celle du péché, et que Jésus, en posant ce signe, est à l’œuvre comme l’envoyé du Père, son Fils et son égal ! (Verset 18) Car c’est bien le grand désir de notre Dieu, manifesté par ce récit : Que tous aient la vie en abondance, comme une source d’eau qui ne tarit jamais ; Que tous, les femmes et les hommes de notre temps, et nous-mêmes, nous puissions vivre debout, accueillis, guéris, réconciliés, ressuscités.