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EST-CE QUE TU M’AIMES ?

1er mai 2022, par Jean-Louis Cathala

Cette question que le Christ ressuscité adresse à Pierre rappelle à nous tous qui nous disons croyants que la vitalité de la foi n’est pas une question de compréhension intellectuelle, mais d’amour pour Jésus-Christ.

C’est l’amour qui permet à Pierre d’entrer dans une relation vivante avec le Christ ressuscité et qui peut nous faire entrer nous aussi dans le mystère chrétien. Celui qui n’aime pas peut difficilement « comprendre » quoi que ce soit à la foi chrétienne.

Nous ne devons pas oublier que l’amour jaillit en nous lorsque nous commençons à nous ouvrir à une autre personne dans une attitude de confiance et de don de soi qui va toujours au-delà des raisons, des preuves et des démonstrations. D’une certaine manière, aimer, c’est toujours « s’aventurer » dans et avec l’autre

C’est également le cas dans la foi chrétienne. J’ai des raisons qui m’invitent à croire en Jésus-Christ. Mais si je l’aime, ce n’est finalement pas à cause des données fournies par les chercheurs ou des explications que me proposent les théologiens, mais parce qu’il éveille en moi une confiance radicale en sa personne. Mais il y a autre chose. Lorsque nous aimons vraiment une personne en particulier, nous pensons à elle, nous la cherchons, nous l’écoutons, nous nous sentons proches d’elle. D’une certaine manière, toute notre vie est touchée et transformée par elle, par sa vie et son mystère.

La foi chrétienne est « une expérience d’amour ». Par conséquent, croire en Jésus-Christ est bien plus que d’« accepter des vérités » à son sujet. Nous croyons vraiment en Lui lorsque nous expérimentons qu’il devient le centre de notre pensée, de nos désirs et de toute notre vie. Un théologien aussi peu suspect de frivolité que Karl Rahner n’hésite pas à affirmer que nous ne pouvons croire en Jésus-Christ que « dans la mesure où nous voulons l’aimer et où nous avons le courage de l’embrasser ». Cet amour pour Jésus ne réprime ni ne détruit notre amour pour les autres personnes. Au contraire, c’est précisément ce qui peut lui donner sa véritable profondeur, en le libérant de la médiocrité et du mensonge. Lorsque nous vivons en communion avec le Christ, il est plus facile de découvrir que ce que nous appelons « amour » n’est souvent rien d’autre que « l’égoïsme raisonnable et calculateur » de ceux qui savent se comporter habilement, sans jamais prendre le risque d’aimer avec une totale générosité. L’expérience de l’amour du Christ peut nous donner la force d’aimer même sans toujours attendre un quelconque bénéfice ou de renoncer –au moins parfois– à de petits avantages afin de mieux servir ceux qui ont besoin de nous. Peut-être que quelque chose de vraiment nouveau pourrait se produire dans nos vies si nous étions capables d’écouter sincèrement la question du Christ ressuscité : « Est-ce que tu m’aimes ? ».

Pagola