Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Histoire : l’idéologie messianiste

24 novembre 2020, par Jean-Louis Cathala

Si l’on en croit la Bible, vers 1200 avant J.C., ( les Hébreux) se seraient enfuis d’Égypte et auraient franchi le Jourdain pour conquérir la Terre promise (…) Fouille après fouille, les archéologues ont découvert qu’il n’y avait jamais eu de conquête militaire de la Palestine. A leur arrivée, les Hébreux nomades n’ont provoqué aucune réaction de rejet : il n’y a pas eu de coalition contre eux, pas de grande bataille, pas d’effondrement des murailles de Jéricho au son des trompettes. Ils n’ont pas conquis le pays par la force de leurs armes, mais se sont intégrés sans violence, avec le temps (…) En 587 avant J.C., Nabuchodonosor, Roi de Babylone, investit Jérusalem, détruisit son Temple et déporta la population au bord de l’Euphrate. C’est à cette époque que les premiers récits de la Bible, tels qu’ils nous sont parvenus, ont été mis par écrit (…) Exilés à Babylone, (les Enfants d’Israël) se rendirent compte qu’ils couraient un grand danger : être assimilés (…) Pour continuer d’exister, ils se raccrochèrent aux légendes qu’ils se transmettaient de bouche à oreille, et les transformèrent en épopée glorieuse : un jour, comme Josué dans un passé devenu mythique, ils reprendraient possession de Jérusalem (…) Le mythe de la conquête violente de la Palestine s’est introduit dans la mémoire d’Israël  : il fera désormais partie de l’identité juive, et se retrouvera dans le Coran.

(Les Enfants d’Israël) se mirent ensuite à rêver au Roi David, dont ils firent le conquérant magnifique d’un royaume qui se serait étendu de l’Euphrate au Sinaï. Ils prêtèrent à Dieu une promesse solennelle faite à David : lui, Dieu, viendrait habiter Jérusalem, dans un Temple qui lui serait consacré. Là, il résiderait pour toujours dans sa Gloire (…) La réalité est tout autre (…) David : (…) un chef de bande, un guérillero local (…) En revanche, son fils, Salomon, a été un grand roi (…) Dans l’imaginaire des exilés de Babylone, c’est pourtant David qui est resté le type du héros juif royal et triomphant (…) C’est à toute la terre que devait s’étendre leur future reconquête (…) Fils adoptif de Dieu, le roi David est ainsi devenu l’étendard d’un peuple humilié par l’exil, qui rêvait d’une revanche (…) Une idéologie d’expansion territoriale par la guerre, faite au nom de Dieu, pénétrait profondément dans la culture juive. On se persuadait qu’un jour, un nouveau David, comme lui oint par Dieu, viendrait prendre la tête du peuple juif pour conquérir le monde. En hébreu, oint se dit Messie : bien plus tard, le messianisme ** (…) viendra contaminer des Arabes sédentarisés en Syrie – avec des conséquences incalculables. Puisque leur volonté de domination était planétaire, elle devait s’enraciner aux origines même de l’humanité. Les Juifs ont donc relu et réinterprété le vieux récit biblique de la création, qui montrait l’Homme chassé du jardin du paradis. L’attente du retour à Jérusalem va progressivement se combiner avec la nostalgie de ce paradis perdu : ils y reviendraient, dans l’état qui était celui de l’humanité avant la chute. La reconquête de Jérusalem par la force devint le symbole – et l’assurance – du retour au paradis. Et son temple, le centre du monde (…) Le messianisme allait infecter la planète, jusqu’à nos jours…

** NDLR : Ce texte est dur ! Parler de « messianisme » est à notre sens inapproprié ; il vaudrait mieux dire : « idéologie messianiste », c-a-d le côté sombre et la forme violente du messianisme , un phénomène diversifié, spirituel et très honorable ; à tel point qu’il a été « incarné » par Jésus ! Cette idéologie messianiste, devenue « millénariste » avec la littérature apocalyptique, s’est cristallisée au tournant de notre ère dans certaines sectes marginales juives ou judéo-chrétiennes. Elle a pris toute sa dimension aux commencements de l’islam et permet d’en mesurer les dérives
intrinsèques. Côté chrétien, cette idéologie est une clef pour comprendre la violence des Croisades vers Jérusalem ainsi que les gesticulations de certains fondamentalistes plus sionistes que les juifs. On retrouvera cette dimensions messianiste ou millénariste jusque dans le communisme et le national-socialisme .