Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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Foi et raison

17 juin 2020, par Jean-Louis Cathala

Extraits d’un article de Laurent Stalla-Bourdillon - la Croix du 6 /7.11.14. NDLR La raison a besoin de la foi et la foi a besoin de la raison. Ces lignes donnent à penser qu’une démarche spirituelle qui voudrait congédier la « doctrine » et évacuer tout discernement rationnel risque de finir dans les vents incertains de la crédulité la plus saugrenue, voire dans la manipulation des consciences.

L’athéisme pratique a rejeté les grandes traditions religieuses et l’adhésion de foi qu’elles supposent, mais aussi l’immense travail de la raison sur les données de foi. Ainsi les trois religions qui se prétendent révélées conservent un contenu à croire, mais elles l’accompagnent d’un colossal effort pour comprendre. Si la foi catholique peut sembler irrationnelle à de nombreux observateurs, elle est pourtant constamment soumise à la critique de la raison. De même pour le judaïsme et l’islam qui avancent dans l’histoire sous l’impérieuse obligation d’être crédibles, c’est-à-dire compréhensibles et recevables par la raison. La raison va purifier la foi, autant que la foi va offrir une lumière plus vive au travail de la raison. Elles ont une même source et tendent ensemble vers la contemplation de la vérité. Ainsi, le regard moderne sur les traditions religieuses doit-il redécouvrir tout le travail des siècles d’intelligence qui ont scruté le langage de la foi. Or l’affirmation de l’autonomie de la raison contre la foi s’est accompagnée du rejet de la reconnaissance des efforts de raison consentis par nos aïeux sur la foi elle-même. Passée dans un univers social où la laïcité impose d’ignorer les religions, il s’ensuit un refus d’enseigner et de travailler à partir de la rationalité des religions historiques. Cette absence de travail, ce refus de considérer
l’héritage rationnel sur les questions religieuses a laissé en friche le vaste champ de la crédulité naturelle qui habite toute personne
. Il est alors devenu très facile à partir de discours basés sur la seule autorité d’une personnalité charismatique d’emporter l’adhésion d’une personne privée de repères et de réflexes rationnels sur les croyances. Les croyances explosent dans notre monde. Refuser de les considérer et de les interroger en raison revient à laisser partir à la dérive les esprits inquiets et à les livrer aux plus improbables croyances. Dans un monde où il est devenu ringard de croire en Dieu, on ne se rend plus compte que nous nous sommes mis à croire en n’importe quoi et en n’importe qui. Nous avons cru un temps que les avancées technologiques de notre modernité dispenseraient – enfin ! – de croire. Or, tout être humain doit rassembler ce qu’il sait dans un récit personnel, il doit croire quelque chose au sujet de ce qu’il sait. Chacun doit donc se construire une représentation personnelle du sens de sa vie et de l’histoire. Celle-ci relèvera toujours de la croyance. Dès lors, la victoire contre les fondamentalismes ne viendra pas du rejet d’évocations religieuses dans l’éducation, mais au contraire d’un effort accru de questionnement sur ce que ces traditions séculaires ont légué. Les grands témoins de la foi que furent Maïmonide, Saint Thomas d’Aquin ou Ibn Arabi devraient être connus en vertu de leur effort de penser rationnellement la foi en Dieu. Foi et raison sont ordonnées l’une à l’autre, elles sont ensemble les plus sûrs garants de l’équilibre psychique et de la fécondité spirituelle des sociétés.