Le Dieu du Coran

Nous avons tous le même Dieu : il n’y en a qu’un ! Et le Dieu de la Bible et du Coran est d’autant plus le même qu’il existe des liens textuels très clairs en ces deux ouvrages. Cependant, un seul Dieu n’empêche pas une diversité de conceptions et d’images de Dieu selon les différentes traditions spirituelles ou au sein de la même religion ; et même dans mon cœur et ma propre histoire. On peut certes plus ou moins croire en Dieu, mais on n’échappe jamais vraiment à son image ! Même les « incroyants » le sont souvent en fonction d’une certaine conception ( abîmée) de Dieu transmise par leur culture.

Ainsi, quand nous disons « le Dieu du Coran », nous ne disons pas « le Dieu de l’islam » en général ; nous ne disons pas « le Dieu des Soufis », par exemple ; nous ne disons pas, non plus, « le Dieu qui est dans le bon cœur de nos frères et sœurs musulmans ». Nous disons tout simplement : « le Dieu du Coran ». Attention aux amalgames entre tous ces dieux ou plutôt entre toutes ces versions d’un Dieu qui est unique.

Par rapport à ce Dieu du Coran, je voudrais souligner une dimension qui me semble essentielle : c’est un Dieu absolument souverain dans sa volonté. ( En fait, il ressemble un peu au Dieu des philosophes chrétiens nominalistes du Moyen-âge et il a même un petit côté nietzschéen ! ) Il est « miséricordieux », mais uniquement dans la mesure où Il a décidé de l’être ; Il est tellement le « Tout-Autre » qu’Il se situe « par-delà le Bien et le Mal ». Dans le Coran, la volonté d’Allah est libre de toute entrave. Elle est infinie. Sa miséricorde est aussi infinie, mais à condition que telle soit sa volonté et que l’homme soit soumis à cette volonté toute-puissante.

Le Dieu de la foi chrétienne est le même ; et pourtant, Il est différent ! Dans la Bible, Il est aussi le Tout-Autre - « mes pensées ne sont pas vos pensées » - mais Il n’est pas « libre » par rapport au Bien et au Mal ou plus profondément, sa liberté et sa toute-puissance sont en pleine adéquation avec son amour. C’est le Dieu du Nouveau Testament (et du philosophe St Thomas d’Aquin ). En ce Dieu-là, ce n’est pas la volonté qui est toute-puissante, mais la miséricorde. En ce Dieu-là, ce n’est pas la toute-puissance qui est infinie, mais l’Amour ! Selon la foi au Christ, « Dieu est Amour  » ; même s’Il le voulait, Il ne pourrait pas être autrement. Il n’est qu’Amour.

( JLC – mai 2020 )