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Diocèse de Montpellier

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L’Eucharistie : une présence réelle

19 mai 2020, par Jean-Louis Cathala

Les chrétiens sont des gens qui vivent (ou qui devraient vivre !) dans l’attente amoureuse du retour du Messie, pour nous cet homme Jésus de Nazareth, mort sous Ponce-Pilate et ressuscité pour nous offrir la vie en abondance. Nous attendons dans ce retour la venue définitive de ce que nous appelons dans les Écritures le « Royaume des Cieux », un royaume de justice et de paix, un royaume de frères et de sœurs. C’est dans cet horizon de l’accomplissement de la Promesse que nous pouvons accueillir la profondeur de la « fraction du pain » comme célébration anticipée de la venue de ce Royaume où nous vivrons dans la bienheureuse présence de notre Dieu.

« Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » ( 1 Corinthiens, chapitre 11, verset 26 )

Nous ne pouvons pas mettre des limites à la présence déjà offerte de l’Esprit Saint et du Christ au cœur de notre monde et dans le cœur des gens. Dans la foi de l’Église, nous savons cependant que cette présence nous est donnée d’une manière particulière lorsque nous célébrons le « repas du Seigneur ». Le Christ nous est rendu présent et nous lui sommes rendus présents dans la communauté rassemblée en son Nom, dans le partage des Écritures et dans la Fraction du pain. A une époque où l’on opposait volontiers le « réel » et le « purement symbolique », on a utilisé l’expression de présence réelle pour souligner le caractère unique et précieux de cette présence sous les espèces du pain et du vin.

Mémorial

La question de la présence eucharistique est inséparable de la notion de mémorial, qui habite les Écritures et la célébration de la Pâque des Enfants d’Israël ( Exode, chapitre 12, verset 14 ; 13, 3-9 ). Le mémorial n’est pas une simple commémoration, mais un ensemble de gestes et de paroles qui rendent présent à notre vie d’aujourd’hui un événement de libération. l’Evénement fondateur de notre foi et de notre vie, au delà de la sortie d’Égypte et du retour de l’Exil, c’est la mort du Christ pour nous et sa sortie du tombeau. Lorsque nous invoquons l’Esprit Saint sur le pain et le vin, lorsque nous les partageons en mémoire du Seigneur, nous ne produisons pas une présence qui serait une relique un peu magique du passé, mais nous sommes rendus présents à notre avenir : l’accomplissement définitif de la Pâque du Christ dans le festin du Royaume.

Célébration et adoration

Une « présence », au fond, c’est l’aventure d’une rencontre ! C’est une relation. Ce n’est pas un quelque chose que nous pourrions géo-localiser et sur lequel nous pourrions mettre la main ! Le problème, avec la présence eucharistique, c’est que justement nous « touchons » et nous « voyons ». Et c’est bien la richesse de la vie sacramentelle d’enraciner très concrètement la rencontre du Seigneur dans nos vies ! L’Église enseigne la présence permanente du Seigneur au delà- même de la célébration de la Messe. Nous conservons les hosties pour les malades et nous avons petit à petit dans notre histoire pris conscience du sens de la prière silencieuse devant le tabernacle ou devant le Saint-Sacrement exposé. Cette présence n’est pas une présence immobile, mais la présence vivante d’un événement en marche : le Ressuscité en tant que celui qui livre son corps et verse son sang pour nous jusqu’à son retour ; le Seigneur qui nous entraîne dans l’aventure de sa Pâque et en qui nous devenons un don pour les autres. L’eucharistie se fait l’écho du partage de nos vies ordinaires et parfois brisées autour de la Parole. Le corps du Christ ne se constitue pas comme consécration d’une humanité sans faille, mais comme communion à partir de nos blessures.

L’insistance sur le lien entre adoration et célébration doit nous aider à prendre nos distances par rapport à une relation fusionnelle avec mon Jésus eucharistique. En général, on expose de façon très ostentatoire dans un bel ostensoir doré une hostie bien blanche, bien ronde et préservée de toute fraction, de toute blessure. Mais celui qui est célébré et vénéré va venir comme un voleur dans la nuit ; il se présente à nous comme un pauvre morceau de pain rompu par amour ; signe fragile. L’adoration peut nous maintenir dans une prière où nous nous épargnons la rupture, la douleur de l’absence et de l’attente. Elle peut aussi nous tourner vers cette humanité brisée comme un crucifié, comme le pain, et nous ouvrir au monde, et rendre notre vie plus présente aux autres. Ce qui reste de la Messe, au delà des beaux restes de la fraction du pain, c’est avant tout cette nourriture qui refait les forces pour la route et cette présence d’un Esprit au travail dans le cœur de ceux qui ont communié.

Sacrement

La présence eucharistique du Seigneur est une présence sacramentelle. Les sacrements sont des signes et des moyens ; ils n’ont pas leur fin en eux-mêmes et ne sauraient être célébrés pour eux-mêmes. Il y a un avant et un après du sacrement de la présence. Le Repas du Seigneur est célébré liturgiquement pour que notre existence devienne une eucharistie quotidienne, une vie marquée par la louange , le don de soi, le partage et la solidarité. Le corps et le sang du Christ nous sont offerts pour que nous « devenions ce que nous recevons » (St Augustin) ; pour que nous devenions présence de sa Présence.