Chers amis…

Voici, mes amis, quelques lignes rédigées une nuit d’insomnie, que je vous partage, si vous voulez lire.

Je viens, petite personne, d’être bouleversée par cette expérience du virus, l’étouffement, l’effroi, la grande fatigue qui persiste et qui continuera, dit-on, la confusion…On n’entend guère parler de cette traversée humaine des victimes, au-delà des statistiques, des menaces, des moyens qui manquent et on cherche des coupables…On parle beaucoup, comme pour fuir la mort ou s’étourdir, ou redécouvrir nos liens et nos espoirs ?

 Alors, la mort ou la vie ? "Tu choisiras la vie", dit le Seigneur. On redécouvre que c’est beau la vie ! Mais au-delà de cette radicalité, il faut aussi penser à la secousse de l’expérience douloureuse des malades, au choc psychologique. On conteste le pouvoir de l’économie dans le monde, on chante la vie, mais il n’y a pas que la vie biologique !
 Il y a aussi la vie psychique, affective, spirituelle, le sens et la dignité de la vie. Et alors on pense à l’héroïsme des soignants, mais aussi à la souffrance des victimes malades, vieux, seuls, mourants seuls, aux familles empêchées par le confinement de soutenir ou d’enterrer un parent…



Cheminer ensemble vers Pâques, après ou pendant cette épreuve du confinement où la mort rejetée, niée par nos sociétés folles, nous frôle, et rôde encore autour de nous. Imprévisible et menaçante, elle démolit notre délire de toute puissance sur la vie, par la science devenue folle, et le veau d’or du fric qui anéantit l’homme et les pauvres ! Le virus est partout, mystérieux, inconnu, indomptable, encore ! Et on découvre le silence, l’air purifié, le printemps et les pâquerettes et la promesse des arbres en fleurs, et la fraternité avec son prochain, voisin, fragile, seul ou en recherche d’aide… On peut remettre en cause la fatalité de nos aliénations, on espère la victoire de la vie sur la mort et il faut l’accompagner,ensemble…



Bon chemin vers Pâques à nous tous !

Je vous embrasse Danielle 5/4/20