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A propos du dialogue entre chrétiens et musulmans

16 juillet 2017, par Jean-Louis Cathala

Selon le philosophe Rémi Brague, « avec les musulmans, il est possible et nécessaire de dialoguer. Simplement, il faut partir de la raison que possède tout homme et ne pas se fonder sur des éléments religieux communs, car ces éléments sont faussés. L’islam se définit par principe comme un postchristianisme qui affirme que les juifs et les chrétiens ont trafiqué leurs textes sacrés. Pour les musulmans, les juifs seraient infidèles à Moussa ( Moïse ) et les chrétiens infidèles à Issa ( Jésus ). Ils en déduisent qu’ils sont, eux, les vrais disciples de Jésus et de Moïse. Pour eux, le chrétien adore trois dieux et il a raté le coche en ne recevant pas la révélation de Mahomet. Il est très difficile de faire comprendre aux musulmans qu’ils ne connaissent pas le christianisme et le judaïsme. Du point de vue de l’islam, le chrétien croit être chrétien mais ne l’est pas vraiment…Le christianisme accepte d’être second par rapport au judaïsme alors que l’islam ne s’éprouve pas comme second par rapport au judéo-christianisme. D’un côté, le christianisme inclut l’ancienne Alliance…par la reprise sans retranchement de la Bible juive. De l’autre, l’islam absorbe et fait disparaître le judéo-christianisme comme dans une digestion. »

Selon le théologien Claude Geffré, « L’islam n’est pas une religion non-chrétienne parmi d’autres. Elle s’enracine dans le même tronc, celui de la postérité d’Abraham. Si les musulmans ont certainement des efforts à faire pour ne pas caricaturer la doctrine chrétienne, en particulier sur la notion de Trinité, les chrétiens ont eux aussi un chemin à faire pour reconnaître qu’il y a tout de même des éléments dans le Coran qui ne sont pas étrangers à la révélation chrétienne, même s’ils n’ont pas forcément exactement le même sens ou la même importance pour les croyants des deux religions : la naissance virginale de Jésus, la reconnaissance d’un Dieu de miséricorde, l’idée de salut, la résurrection des morts, etc…Il n’y a aucun doute qu’il y a des options inconditionnelles de la foi chrétienne qui ne peuvent pas être acceptées par les musulmans, par exemple l’Incarnation ou la Trinité. Et inversement, cela va de soi. Mais en même temps, le message du Coran est une confirmation de ce qui a été révélé en Israël au peuple juif, puis par Jésus-Christ, à savoir l’unicité de Dieu. Pour cette part-là, le Coran peut être compris comme une certaine parole de Dieu qui interpelle à la fois le judaïsme et le christianisme. Il interpelle le judaïsme parce que ce dernier ne reconnaît pas Jésus comme messie et il interpelle les chrétiens, qui pourraient faire de la Trinité une sorte de tri-théisme risquant de compromettre l’unicité absolue de Dieu. Accepter l’interpellation ne fait pas de vous un musulman…la révélation chrétienne est essentiellement liée à l’histoire, à travers une série d’alliances avec Dieu. Ce n’est pas le cas de l’islam, dans lequel il n’y a pas d’autre alliance que le pacte initial qui coïncide avec la création d’Adam. L’idée d’alliance historique pose un problème pour la pensée musulmane car elle semble défier l’absolue transcendance de Dieu. Mais il ne faut pas non plus avoir une vue simplifiée de Dieu dans le Coran. Le Dieu de l’islam est un Dieu miséricordieux, même s’il n’est pas amour au sens d’une réciprocité entre lui et les hommes. »