La Génèse

C’est une histoire des engendrements depuis l’origine du monde jusqu’à l’arrivée sur scène des fils de Jacob, les pères des douze tribus d’Israël. La critique historique et littéraire permet, dans bien des cas, de replacer tel ou tel récit, telle ou telle loi dans une sphère d’influence politique, religieuse ou simplement culturelle, voire de parvenir à une chronologie relative. Mais elle ne permet jamais de cerner, comme pourrait en rêver un historien, un seul événement dans sa singularité. La « vérité » de la Torah ne réside pas dans l’exactitude historique des faits racontés mais dans l’adéquation entre les faits ainsi racontés et la foi confessée. Dans la Genèse, le peuple d’Israël n’existe pas encore, ni aucune de ses institutions. L’horizon est à la fois restreint et large : confiné aux dimensions de la famille mais ouvert à tout le monde, et même, dans sa première partie, à la terre entière avec tout ce qu’elle contient. De tous les Livres de la Bible, la Genèse est aussi celui dont la composition connut l’histoire la plus complexe et sans doute la plus longue. Ce texte est au confluent d’une multitude de traditions : mythes, légendes, listes généalogiques, anecdotes familiales. Les rédacteurs successifs ( les derniers aux VI ième siècle avant notre ère ) ont largement puisé dans ces traditions souvent très anciennes et colportées par voie orale, mais en les mettant au service de leur vision croyante. Les onze premiers chapitres sont un condensé de l’histoire humaine, une sorte de grammaire universelle qui permet, aux yeux de ses auteurs, de lire et de comprendre l’aventure de l’humanité tout entière et les aventures particulières de chaque individu. Dieu est le créateur de tout ce qui existe. Ces premiers chapitres sont le théâtre d’un immense et dramatique « corps à corps » entre Elohim et l’Adam qu’il a créé. Selon que l’humain accepte son statut de créature ou refuse toute dépendance, l’humanité découvre la fraternité humaine ou sombre dans la violence ; elle grandit en harmonie avec la nature ou en subit les débordements ; elle vit dans la concorde ou devient étrangère à elle-même…